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les sels formés par les élémens à poids atomiques faibles sont moins malsains que les combinaisons correspondantes dans lesquelles figurent des substances à atomes lourds. Ainsi le chlorure de sodium est un condiment ; les bromures et iodures de sodium sont des remèdes efficaces qui ne s’ordonnent qu’à petites doses. On emploie également en médecine le phosphate de soude et l’arséniate de soude (liqueur de Fowler), mais nous doutons fort qu’on prescrive des poids égaux du premier et du second se !. Quelques grammes de sulfate de magnésie (sel d’Epsom) purgent légèrement un malade, que deux ou trois décigrammes de sulfate mercuriel empoisonneraient à coup sûr. Enfin, il faudrait plusieurs pages pour expliquer en détail les transformations régulières subies par les composés du même ordre quand on remplace un membre d’une association triple pour le membre suivant.

D’autres fois, pour deux élémens voisins ou pour toute une tribu de corps simples ayant des traits communs, les poids atomiques sont, ou identiques, ou fort peu différens. Tels sont le nickel, le cobalt, si proches parens et si semblables en tout que leur « séparation » offre de grandes difficultés au chimiste essayeur (poids de l’un ou l’autre atome : 59). Le fer, le manganèse, le chrome, doués d’une affinité manifeste avec ces ménechmes de la chimie, possèdent des poids atomiques oscillant de 52 à 56. Tous ces métaux si voisins engendrent sans exception des sels richement colorés, ce que ne saurait cependant faire l’aluminium, relié naturellement à la même famille par son atome moitié moins lourd (27).

Remarquons en passant un fait assez curieux : c’est que la plupart des triades naturelles énumérées plus haut se relient sans trop d’effort à des corps simples que l’on pourrait nommer leurs appendices. Les traits communs à la tribu chlore-brome-iode se retrouvent en grande partie dans le fluor, dont les tendances sont plus spécialisées ; ce dernier diffère plus des trois congénères que ceux-ci ne diffèrent entre eux : on pourrait encore faire intervenir notre comparaison des doigts de la main et du pouce. Quant au poids atomique du fluor (19), il ne saurait entrer dans une série simple avec ceux de ses congénères. L’oxygène et l’azote, dont les rôles en chimie minérale et surtout en chimie organique sont absolument hors de page, s’écartent aussi de l’ensemble des sulfides et des phosphorides, et ce fait a même conduit les minéralogistes à se demander si le fluor n’avait pas rempli pour sa part des fonctions importantes en géologie. Par le fait, sur les quatre corps simples qui dominent dans les tissus de notre corps, ainsi que dans ceux des plantes et des animaux, deux ont des allures passablement indépendantes ; le carbone qui est le troisième, s’il ne constitue pas