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du grand pensionnaire J, de Witt, monté avec sa femme sur le vaisseau la Hollandia, et entouré de toute la flotte prête à appareiller en 1665; de W. van Velde, deux tableaux inspirés par le grand combat livré pendant quatre jours en vue d’Amsterdam au mois de juin 1666 ; de J. Beerstraaten, un autre épisode de ce même engagement, et enfin, de J. Peeters, la 'Destruction de la flotte anglaise dans le port de Chatham en 1667.

A toutes ces fidèles images des événemens qui ont décidé du sort de la nation vous pouvez joindre encore celles de faits moins importans, mais qui ont cependant fourni les sujets de tableaux intéressans, comme, par exemple : les Magistrats d’Amsterdam attendant la venue de Marie de Médicis, par Th. de Keyser ; l’Arrivée de Leicester à Flessingue en 1568, et celle du comte palatin Frédéric V en 1613, par G. van Wieringen ; le Débarquement de Maurice de Nassau à Scheveningue, par A. Cuyp ; l’Entrée de Charles II dans le port de Rotterdam, puis son Départ pour l’Angleterre en 1660, par L. Verschure et Lingelbach; et les Cadavres des frères de Witt suspendus à la potence (1672), par Jean de Baen, etc.; ou bien, dans un autre ordre de faits : l’Incendie de l’ancien hôtel de ville d’Amsterdam (7 juin 1652), de J. Beerestraaten et l’Explosion de la poudrerie de Delft (12 octobre 1654), par Egbert van der Poël. Sans même parler d’allégories telles que l’Apothéose de Guillaume le Taciturne, commandée par la ville de Harlem à Hendrik Pot, l’Agrandissement de la ville d’Amsterdam, de Berchem, ou la Paix des Provinces-Unies, de Rembrandt, il faudrait ajouter à cette liste déjà bien longue et cependant fort incomplète, celle des nombreuses gravures ou des dessins ayant trait à l’histoire contemporaine : le Synode de Dordrecht, le Supplice d’Olden Barneveldt, Hogerbeets et Grotius au château de Lœvenstein, ou même cette Baleine échouée sur la plage de Scheveningue, qui provoqua un si nombreux concours des populations de toute la contrée.

Loin de trouver entre la peinture et l’histoire de ce pays le désaccord que Fromentin a cru devoir y signaler, ne vous semble-t-il pas, au contraire, qu’avec un ensemble aussi complet de documens figurés, il serait possible de reconstituer, en quelque sorte de toutes pièces, les annales de la Hollande par les œuvres de ses artistes et que l’on rencontrerait difficilement ailleurs un art qui, autant que celui-là, se soit montré sympathique à toutes les émotions populaires, attentif à nous en laisser la trace? Il n’en est pas, en tout cas, dont le développement soit plus rationnel et coïncide mieux avec le développement même de la nation. Ensemble nous les voyons naître et grandir. Au moment où écrit van Mander, le trouble est dans tous les esprits, dans les partis qui s’agitent tumultueusement, et dans les existences elles-mêmes. L’art, pendant