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Hals, de Ravesteyn, de Th. de Keyser, de van der Helst et de Rembrandt.

Certes, se réunir le verre en main, autour d’une table, en habits de gala, ce n’est pas une action bien mémorable, et les attitudes, les mines de ces braves bourgeois, sous leurs travestissemens militaires, ne semblent pas très martiales. Ils ont cependant, à l’occasion, payé de leur, personne et noblement fait leur devoir. D’ailleurs ce festin pour lequel ils sont rassemblés est destiné à fêter la reconnaissance de leurs chefs ou la remise de leurs drapeaux, ou parfois même quelque événement glorieux pour le pays. C’est la paix de Munster que Van der Helst et Gowaert Flinck célèbrent dans les grandes toiles récemment réunies au nouveau musée d’Amsterdam, cette paix dont G. Terbarg a représenté avec une si scrupuleuse exactitude la conclusion officielle dans un de ses tableaux les plus précieux (National Gallery;. Peu de temps après (1651), c’est la grande assemblée des états-généraux à La Haye, dont Palamèdes nous offre la fidèle image, avec les députés des Provinces-Unies, siégeant dans la grande salle du Binnenhof, toute pavoisée des étendards pris sur l’ennemi (Musée de La Haye). Avant eux, un patriote, peintre de grand talent, Adrien van de Venue, avait déjà, de son plus fin pinceau, vanté les bienfaits de la trêve de 1609 (Musée du Louvre] et donné, dans la Pêche des âmes du musée d’Amsterdam, un témoignage significatif de l’état des esprits et des divisions religieuses qui agitaient le pays dans les premières années du XVIIe siècle (1614). À ce même musée. Es. van Velde, retraçant de façon plus précise encore la Prise de Bois-le-Duc par le prince Frédéric Henri (1629), prend un malin plaisir à placer, parmi les soldats espagnols qui évacuent la place, des moines de différens ordres entraînés avec eux dans leur retraite. Près de là, dans les mêmes salles encore, c’est le Licenciement des troupes mercenaires à Utrecht, en 1618, peint par Paulus van Hilligaert, la Reddition de la ville de Hulst en 1645, par H. de Meyer, et la Prise de la place de Cœverden en 1672, signée par Pierre Wouwermann.

La peinture, on le voit, ne s’est pas « désintéressée de ce qui était la vie même du peuple ; » ce n’est pas « l’âge d’or de la Hollande » qu’elle nous retrace et, dans les tableaux de ce temps, les bois ne sont pas si « tranquilles, » ni les routes si « sûres » que le dit Fromentin. Si, comme il le remarque, il est difficile de prendre au sérieux Berghem, K. du Jardin, Ph. Wouwermann, Asselyn et les autres italianisans, quand ils s’avisent de peindre une bataille ; si, alors même qu’ils lui donnent un nom, il n’est guère permis d’y voir autre chose qu’une fantaisie « pittoresque, » les souvenirs du passé tiennent dans les œuvres de la génération qui les a précédés une place autrement importante. Esaïas van Velde, van Goyen,.