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premiers confidens. C’est à eux, en effet, qu’il dédie les ouvrages à la rédaction desquels il s’était mis avec une ardeur telle qu’un intervalle de deux années suffit à leur publication. Coup sur coup, en effet, la Théorie de la peinture, suivie bientôt d’une Histoire des Peintres de l’antiquité et de la Vie des Peintres italiens, paraissent en 1603. Dès le commencement de 1604, une Explication des Métamorphoses d’Ovide et une Explication des allégories leur succèdent, et le succès de ces deux livres nous montre assez les préoccupations qui régnaient alors parmi les artistes, les sujets qui les attiraient de préférence et que goûtaient le plus leurs contemporains. Enfin, le 28 juillet de cette même année 1604, le Livre des Peintres venait clore la liste des productions littéraires de van Mander. Nous ne nous arrêterons qu’à ce seul ouvrage, qui nous fournira, au surplus, l’occasion de retrouver dans les réflexions qui l’accompagnent la plupart des idées que son auteur avait déjà émises dans ses écrits précédens.

En se proposant de retracer la biographie des artistes flamands, van Mander n’abordait pas une entreprise tout à fait nouvelle, et nous indiquerons brièvement ici les sources auxquelles il a pu puiser. Les premières informations qui nous aient été données touchant quelques-uns de ces artistes, nous les devons à un de leurs compatriotes. Marc van Vaemewyck, né à Gand, au commencement du XVIe siècle, avec le goût de l’histoire avait aussi celui des voyages. Notant avec une sincérité extrême tout ce qui le frappait sur son passage, le chroniqueur, dans un de ses ouvrages, qui pour la première fois avait paru en 1565, par le avec quelques détails des artistes et des œuvres d’art les plus remarquables qu’il a pu connaître[1]. Après lui, c’est chez un auteur italien que nous trouvons des indications un peu plus précises sur ce sujet. Louis Guichardin, qui nous les fournit, avait vu le jour à Florence en 1523, et il était le neveu de François Guichardin, le célèbre historien de Florence. « Messire Loys, » comme l’appelle son traducteur français Belleforêt, avait voyagé à travers l’Europe et s’était pendant longtemps arrêté à Anvers, où tout d’abord il avait su gagner les bonnes grâces du duc d’Albe. Mais, à la suite de quelques légères critiques qu’il s’était permises contre la politique du terrible lieutenant de Philippe II, il avait été emprisonné dans cette ville et n’avait dû sa liberté qu’à l’intervention du grand-duc de Toscane, son souverain. Il connaissait bien les Pays-Bas, dont il avait visité et décrit toutes les villes. La relation qu’il nous a laissée de son voyage contient de précieux détails, non-seulement sur l’administration, le commerce et les productions de cette contrée, mais sur les familles et les personnages

  1. Die Historie van Belgis, in-4o, Gand, 1565.