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que grand écrivain, en a réuni quelques cas plus ou moins authentiques, mais que, j’imagine, on relira avec plaisir[1].

Aussi une bonne part des effets physiques de la peur peut-elle être attribuée à la syncope : en effet, la pâleur de la face, la faiblesse générale et l’impuissance de tout mouvement, les bourdonnemens d’oreilles, les vertiges, sont-ils des symptômes de syncope, et, s’ils accompagnent l’effroi subit, c’est peut-être moins à l’effroi lui-même qu’ils sont dus qu’à l’arrêt du cœur provoqué par l’effroi.

Cette émotion profonde de la conscience, accompagnée de phénomènes extérieurs violons, est fatale et involontaire ; elle est provoquée avec une force irrésistible, indépendante de nous-mêmes. En un mot, c’est une action réflexe.


III.

Il me paraît indispensable, avant d’aller plus loin, d’expliquer ce qu’est une action réflexe. Le mot est si souvent employé, et le phénomène a une si grande importance dans la physiologie et dans la psychologie tout entières, qu’on ne saurait mettre trop de soin à le bien définir.

Supposons un appareil central, — le système nerveux (moelle et cerveau) contenu dans la colonne vertébrale et le crâne, — auquel viennent aboutir des filamens innombrables, disposés de telle sorte que le moindre attouchement d’un de ces filets met en branle l’appareil central. Nous aurons quelque chose qui ressemblera à l’appareil sensitif de l’organisme vivant. Pas un point de la périphérie du corps qui ne soit sensible, c’est-à-dire dont l’ébranlement, se propageant de place en place par l’intermédiaire des nerfs sensitifs, ne soit apte à se communiquer à l’appareil nerveux central.

Ce mouvement communiqué, cet ébranlement de l’appareil nerveux ne s’arrêtent pas là. De même qu’un grand nombre de fibres sensitives nerveuses arrivent à la moelle épinière et au cerveau, de même de la moelle épinière et du cerveau partent un grand nombre de fibres nerveuses motrices, centrifuges, qui vont communiquer leur ébranlement aux muscles.

Ainsi, en touchant un nerf sensitif, on ébranle ce nerf sensitif, qui de là va à la moelle épinière, et l’ébranlement de la moelle épinière se répercute, se réfléchit sur les nerfs moteurs, qui à leur tour font contracter un muscle, ou plusieurs muscles, ou tous les muscles de

  1. Comment Bringuenarilles mourut subitement devant la gueule d’un moulin à vent.