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UNE
AMBASSADE AU MAROC

V.[1]
LA COUR DU SULTAN. — LA VILLE DE FÈS.


XI. — LA COUR DU SULTAN.

Lorsqu’on trouve, dans les journaux et dans les documens diplomatiques d’Europe, des expressions telles que celles-ci : l’empire du Maroc, le gouvernement de sa majesté chérifienne, le cabinet de Fès, on s’imagine que le sultan Moula-Hassan est un prince assez semblable à la reine Victoria ou à l’empereur Guillaume. Lorsqu’on arrive à Fès, lorsqu’on y reste quelque temps surtout, on se demande sans cesse où est l’empire du Maroc, où est le gouvernement de sa majesté chérifienne, où est le cabinet de Fès? De tout cela on ne voit nulle trace. L’empire du Maroc est un composé de provinces, les unes indépendantes, les autres en partie soumises à l’autorité d’un homme, qui est un pontife plutôt qu’un souverain; il n’y a d’ailleurs entre elles aucun lien, aucune cohésion, aucune homogénéité, aucune unité. Quant au gouvernement de sa majesté chérifienne, il n’existe en aucune manière ; car peut-il y avoir gouvernement sans une organisation quelconque, sans un ordre administratif au moins rudimentaire, sans une coordination entre les différens

  1. Voyez la Revue du 15 juin, du 1er et du 15 juillet et du 1er août.