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Les tirages auront lieu tous les deux mois, et dès la première année 6,000 titres seront remboursés à raison de 1,000 francs par chacun des tirages, dont le premier sera effectué en octobre prochain. Le tableau d’amortissement a été dressé de telle sorte que la moitié de l’emprunt, soit 250,000 obligations sur 500,000, aura été remboursé après la vingt-septième année.

Indépendamment de cet avantage d’une énorme prime d’amortissement remboursable dans un délai relativement court au moyen de tirages très fréquens, l’obligation nouvelle de Panama en présente un autre non moins précieux, celui d’un revenu de plus de 6 pour 100, l’intérêt annuel étant de 30 francs par titre, payable trimestriellement comme les rentes françaises.

Les versemens sont espacés jusqu’en mai 1887, le prix d’émission de 450 francs étant payable comme suit : 30 francs à la souscription, 70 à la répartition, 100 en octobre et 100 en décembre 1886, 100 en février et 50 en mai 1887. Pendant la période des versemens, il sera tenu compte aux souscripteurs, sur le montant des sommes versées et en déduction de leurs versemens, d’un intérêt de 6 pour 100 l’an.

Huit établissemens de crédit ont ouvert leurs guichets à la souscription, et d’après l’importance des demandes déjà présentées, le succès de l’émission ne saurait paraître douteux. Les souscripteurs de l’obligation nouvelle de Panama savent ce qui s’est passé pour l’obligation de Suez, qui, émise à 300 francs, vaut aujourd’hui 590 francs, c’est-à-dire dépasse de 90 francs son prix de remboursement. Ils comptent avec raison que leur titre, au moment où l’achèvement du canal sera hors de conteste, avant même que l’exploitation ait pu commencer, aura déjà conquis son prix réel en se rapprochant du pair et en doublant ainsi le montant du capital engagé.

M. de Lesseps a déclaré hardiment qu’il se sentait assez assuré du concours des 300,000 actionnaires et obligataires des compagnies de Suez et de Panama pour se passer de celui des pouvoirs publics, paralysés par le mauvais vouloir d’une commission de la chambre. Une occasion ne devait pas tarder à s’offrir où l’on pourrait juger si la confiance du promoteur du Panama était bien ou mal fondée. Cette occasion était l’assemblée ordinaire des actionnaires convoquée pour le 29 juillet.

Il aurait pu se produire dans cette réunion quelques récriminations résultant du préjudice causé aux porteurs de titres par la baisse des actions et obligations. Il n’en a rien été. Au contraire, rarement il a été donné d’assister, à propos d’une affaire purement financière, à une pareille explosion d’enthousiasme. M. de Lesseps a lu d’une voix ferme et jusqu’au bout, sans fatigue apparente, malgré ses quatre-vingt-deux ans, le très long rapport du conseil sur la situation générale de