Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 76.djvu/686

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La protection contre l’éperon, dans les coups obliques, peut être tenue pour certaine, bien qu’il faille rapprocher les termes de deux actes séparés : l’abordage et l’expérience d’obturation sous une colonne d’eau de 3 mètres, dans un cas de brèche par l’artillerie. Il n’y aura pas de dispersion, et le matelas encombrant n’aura pas à manifester son effet utile. L’immunité, dans ce cas d’attaque, sera complète également pour les organes de la machine et de la barre, à la condition expresse que les corps durs, et particulièrement les tôles horizontales de l’armature des alvéoles, ne seront pas placés en face des organes qu’il s’agit de protéger; car il faut compter que tout ce qui sera dénué d’élasticité sera sinon projeté, du moins poussé par l’éperon et brisera les pièces de machine, comme si la pointe de l’éperon elle-même s’avançait dans l’intérieur du bâtiment au lieu de labourer le flanc par le coup oblique. C’est là un point important à observer dans la construction navale ; autrement on sera exposé à voir des bielles brisées, des tuyaux de vapeur ou d’eau chaude tranchés, et, par suite, on pourra se trouver en face des avaries les plus graves.

Quant au coup droit, il est difficile d’en préciser les conséquences en l’absence d’expériences qui n’ont pas encore été faites. Il y aura là des effets de mâchure, de dislocation et de dispersion qu’il serait imprudent de vouloir définir ; mais, dès à présent, le coup droit par l’éperon apparaît avec une violence qui laisse bien loin les effets produits par la torpille portée ou lancée.

Nous passons aux effets de destruction causés par la torpille.

Comme on l’a déduit tout à l’heure, on possède maintenant des données qui permettent de se rendre compte d’une manière suffisamment approchée, pour le caractère d’indication de cette étude, des effets qui seront produits avec les charges actuelles de fulmicoton sur la triple ceinture du nouveau bâtiment de combat. Le matelas obturant sera dispersé en partie, mais non entièrement dans l’alvéole qui sera soumis à l’explosion : les cloisons transversales seront protégées par l’élasticité, mais elles seront déchirées tout en restant en place et en continuant à pouvoir remplir leur rôle d’enveloppes pour les parties adjacentes du matelas obturant. La première cloison interne sera déchirée, mais non pas enlevée ; le premier matelas encombrant restera à son poste; la deuxième et la troisième cloison interne seront indemnes, ainsi que le deuxième matelas encombrant, à plus forte raison. Les expériences récentes faites à Cherbourg, sur la Protectrice, ont démontré que la deuxième cloison interne n’avait pas été déchirée. Le rapprochement de ce fait avec ceux qui résultent des expériences faites à Toulon sur les effets de la torpille et de l’obus, suffit désormais pour affirmer la proposition suivante :