La matière qui se plie à ces deux offices existe. C’est une cellulose amorphe que fournit cet arbre dont on a dit qu’il pourrait remplacer tous les autres s’il donnait du bois de construction. Les circonstances ne s’étaient jamais prêtées à faire apparaître cette substance si extraordinaire : elle s’en allait par millions de kilogrammes à la mer, portée par les fleuves où les Indiens font leurs opérations de rouissage. Sa légèreté et sa résistance à l’imbibition furent les propriétés qui fixèrent d’abord l’attention. Mais l’obturation dépassa toutes les proportions que l’on pouvait soupçonner. La faculté de prendre l’eau qui engendre le grossissement des molécules, c’est-à-dire le foisonnement, devint la clé du maintien de l’obturation automatique, et les causes qui avaient rebuté furent précisément celles qui établirent une barrière. Les faits montrèrent bien qu’il est difficile de faire pénétrer une idée simple ; il y avait là une contradiction apparente, source d’une confusion qu’il n’a pas encore été possible de dissiper chez certains esprits. Comment peut-on demander à une matière qui prend l’eau de ne pas laisser passer l’eau? Elle prend l’eau, en effet, et c’est ainsi qu’elle devient une barrière solide, sorte de mortier qui se gonfle à éclater et que quatre hommes armés d’anspects peuvent à peine entamer sur le point où ils l’attaquent. Il est vrai que le bâtiment protégé est chargé sur ses flancs de deux tonnes en plus, quantité qui correspond à peu près au poids d’eau introduit dans un alvéole après que l’imbibition est complète; mais il n’a pas embarqué les 3,000 ou 4,000 tonnes qui auraient passé par la brèche. La critique ou l’objection passée au crible se trouve ramenée à ces termes.
L’élasticité et le foisonnement sont les propriétés le plus en évidence pour expliquer l’obturation instantanée et son maintien. Il existe d’autres causes cependant qui l’ont préparée et que l’on a pu déterminer. La résistance à l’imbibition est un des élémens essentiels du phénomène, et l’on est ainsi conduit à tenir compte de la présence, dans les cellules, d’une matière qui participe de la cire et du vernis et qui pourrait être de la nature de cet enduit répandu sur les fruits et qui fait glisser la rosée du matin. Ici encore, la faculté de prendre l’eau paraît en contradiction avec la résistance à l’imbibition. Il n’en est rien cependant.
Si l’imbibition de la matière était instantanée, la faculté du foisonnement n’aurait pas le temps de se produire, et l’eau passerait comme à travers du sable, entraînant tout. Le corps bat en retraite au contraire par couches successives, soutenu dans sa résistance par la matière cireuse, et c’est ainsi que les élémens peuvent grossir. La lenteur de l’imbibition est donc la préparation d’un des actes essentiels de l’obturation, du foisonnement; et l’on voit