le mouvement, et une condition intérieure universelle, la conscience, sans laquelle nous ne connaîtrions pas la première. De là la question suivante : la conscience ne ferait-elle point aussi partie des conditions et des facteurs cachés de ce mouvement qui paraît, au premier abord, ne rien renfermer de mental ? N’y a-t-il point indissolubilité entre ces deux phénomènes primaires ? — C’est trancher le problème dans le sens du matérialisme, et non le résoudre, que de déclarer la conscience absolument semblable aux phénomènes d’ordre secondaire et superficiel. Il y a au moins un motif de croire que la conscience est un facteur objectivement nécessaire, c’est son caractère subjectivement nécessaire, original et irréductible.
La seconde raison pour laquelle on attribue à la conscience le rôle d’un simple éclairage additionnel dans l’automate vivant, c’est que « l’activité nerveuse est, dit-on, beaucoup plus étendue que l’activité mentale ; la conscience est donc quelque chose de surajouté[1] ».
Pour justifier ici une affirmation et surtout une négation, il faudrait pouvoir démontrer qu’il y a absence complète de tout fait de conscience, — sensation, émotion, impulsion, — dans certains événemens nerveux. Aussi est-ce ce que M. Ribot essaie, avec MM. Maudsley et Despine. Sa thèse est que la conscience est un événement intermittent, donc un événement non nécessaire et accessoire. Laissons de côté les cas de syncope, d’anesthésie provoquée, de vertige épileptique, de coma, pour nous en tenir au cas le plus vulgaire et le plus fréquent : l’état mental pendant le sommeil. L’automate humain tantôt rêve et tantôt ne rêve pas ; donc il quitte et reprend sa conscience, comme il quitte et reprend son vêtement pour se coucher ou se relever. — Nous voilà en présence d’un des problèmes les plus controversés de la psychologie : La conscience a-t-elle des interruptions, ou bien, pour parler le langage traditionnel : « L’âme pense-t-elle toujours ? » — Penser, au sens moderne du mot, c’est beaucoup dire ; rêver, c’est-à-dire imaginer, se représenter, — c’est encore beaucoup dire. Mais penser, au sens du XVIIe siècle, c’est simplement sentir, être ému, réagir par l’appétit[2]. Là où se trouvent ces élémens de la vie mentale, il y a conscience spontanée, sinon réfléchie. En ces termes, M. Ribot trouvera-t-il aussi étrange la doctrine qui admet que la conscience, sous une forme plus ou moins obscure, est continue comme la vie même ? Comment prouvera-t-il la complète absence de toute sensation confuse, de