Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 76.djvu/473

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet.

On touche donc encore une fois au moment du repos sans l’avoir mérité. Nos chambres françaises ont hâte de se séparer, parce que sénateurs et députés veulent aller veiller aux élections des conseils généraux, qu’un décret récent fixe au 1er août, qui ne laissent pas de leur inspirer des inquiétudes. Le gouvernement a hâte de voir partir les chambres parce qu’il n’est pas sûr, si la session se prolongeait, de pouvoir échapper à des échecs dont il finirait par mourir. Avec un peu de sincérité ils avoueraient tous, ministère et parlement, qu’ils sont impatiens de se donner congé, parce qu’ils ne savent plus où ils en sont, parce qu’ils ont le sentiment de leur impuissance, parce qu’ils ont l’idée que quelques mois de trêve ne sont pas de trop pour leur permettre de ressaisir leurs esprits d’ici à la session d’hiver, où ils espèrent retrouver de meilleures chances.

Le fait est qu’en attendant l’avenir, qui est toujours le grand inconnu, cette session qui va finir, qu’on a visiblement hâte de clore, pourrait se résumer en quelques mots : beaucoup de temps perdu ou, ce qui est pire encore, du temps mal employé. Depuis les scrutins du mois d’octobre de l’année dernière, on dirait que majorité et ministères républicains sont pris d’une sorte de vertige, qu’ils ne savent que flotter entre les velléités stériles et les impatiences violentes, — plus que jamais impuissans aux affaires sérieuses, incessamment emportés par l’esprit de parti. Au premier abord, on aurait cru que ces élections dernières, qui ont révélé dans la masse française un mouvement d’opinion si sensible, si caractéristique, pouvaient et devaient être un avertissement Utile. Des hommes sincères, réfléchis, à demi prévoyans, se seraient préoccupés, de fût-ce que pour le bien