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jours son départ. Comme il alléguait ses motifs, le chevalier de Rohan, dont l’impatience ne voulait rien écouter, lui répliqua brutalement qu’il n’avait que faire de ses affaires et lui rappela, en termes fort durs, les engagemens pris. Van den Enden, en présence des emportemens du chevalier, se sentait intimidé, car il le connaissait homme à ne pas souffrir qu’on lui manquât de parole, et à tirer de ceux qui s’en seraient rendus coupables une impitoyable vengeance. Dans un des interrogatoires du procès, le médecin flamand rapporta que le chevalier lui avait dit un jour « que quand on était dans une affaire, sur le moindre soupçon qu’on avait qu’on y manquât, il fallait faire tuer un homme. » Une autre fois que le chevalier de Rohan s’emportait contre Berryer, à l’occasion du prêt réclamé, il menaça de maltraiter le financier ; sur quoi Van den Enden lui remontra qu’en agir ainsi pourrait lui attirer de mauvaises affaires : « Lorsqu’on manque de parole, repartit le chevalier, il faut témoigner à ceux qui le font qu’on a du courage et qu’on s’en ressent. »

Enfin, le médecin anversois se trouva en mesure d’effectuer son voyage en Belgique. On était à l’époque des vacances ; il pouvait sans inconvénient quitter pour un temps la maison d’éducation qu’il dirigeait. Son passe-port lui avait été délivré. Il partit le 31 août, et il arriva à Bruxelles le 6 septembre. Il n’avait pas revu, au dernier moment, le chevalier de Rohan, mais Latréaumont eut avec lui encore une conférence, et il l’accompagna jusqu’à sa montée dans le coche. Il le recommanda nominativement au conducteur.

Le jour même de son arrivée à Bruxelles, Van den Enden se fit introduire près du comte de Monterey. Il lui présenta pour lettres de créance, comme il en était convenu avec ses deux complices, le numéro de la Gazette où avaient paru les deux fausses nouvelles, puis il lui demanda une réponse verbale à la lettre anonyme qui lui avait été adressée le 6 avril précédent. — « Vous tardez bien à venir, je vous croyais tous morts, lui répliqua le gouverneur espagnol ; venez demain me trouver à une heure après diner, et nous parlerons de l’affaire. » On pense bien que Van den Enden fut exact au rendez-vous. Le comte de Monterey le renvoya à son homme de confiance, M. Dimottet, receveur-général du gouvernement espagnol aux Pays-Bas, et entre les mains duquel était déposée la lettre anonyme. Ce fonctionnaire interrogea Van den Enden sur les personnes qui l’adressaient au comte de Monterey. Le médecin flamand donna alors les noms du chevalier de Rohan et de Latréaumont, qui n’avaient pas été cités dans la lettre anonyme. En effet, le second, qui avait évité de se nommer, en avait fait de même pour son complice. Il s’était borné à dire, dans la lettre, qu’une personne de