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d’objets désormais inutiles, d’ateliers dispendieux remplis d’un outillage merveilleux et compliqué ; vous n’avez pas besoin d’un corps d’officiers de vaisseau d’environ 1,700 officiers, dont 45 amiraux, 100 capitaines de vaisseau, 210 capitaines de frégate, et d’un ensemble de corps secondaires de près de 3,000 officiers ou assimilés non combattant, dont une quarantaine ayant le rang ou les avantages d’officiers généraux et environ 300 le rang d’officiers supérieurs.

Vous n’avez pas besoin davantage d’un ministre spécial de la marine ; à quoi servirait-il ? Vous établissez qu’il n’y a plus de bombardement possible par mer ; que la torpille empêchera toute opération par une flotte ; que devant les torpilleurs, les flottes sont annihilées ; qu’ils ne laisseront plus aucune expédition navale s’accomplir ; que la mer ne sera plus qu’un champ ouvert au commerce et que dorénavant, les flottes n’existant plus, la guerre maritime consistera à détruire ou à arrêter net le commerce ennemi par vos croisières de torpilleurs. Dès lors un ministre spécial pour la marine ne serait plus qu’un non-sens et un abus, surtout si l’on considère qu’à mesure que l’action militaire tend à tout absorber à bord, l’action nautique s’efface proportionnellement ; plus le bâtiment tend à n’être qu’un affût flottant, affût-torpille, affût-canon, plus le navire disparaît pour faire place à la machine ; plus de mâts, plus de voiles, plus de souci du vent ni de la mer ; vos torpilleurs sont des engins courant sur l’eau à travers les lames, qui ne sont plus pour eux que comme les ornières ou la poussière d’une route sur laquelle le véhicule éprouve plus ou moins de cahots sans arrêter