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lui faut seulement vingt-quatre heures de navigation pour rencontrer la dite escadre et si elle ne se trouve dans des circonstances de temps et de mer favorables. Une semblable opération n’est possible que contre une escadre qui se présente d’elle-même ou qui passe en vue de vos ports. Une navigation ou croisière de nuit dans la haute mer par une flottille de torpilleurs autonomes n’est pas praticable, à moins d’une circonstance de très beau temps et de nuit parfaitement claire.

Passons à l’examen de la quatrième proposition. De tout ce qui précède on peut conclure sûrement que les paquebots et autres navires du commerce n’auront pas affaire dans la haute mer, dans l’océan, à des torpilleurs autonomes ; les seuls torpilleurs qu’ils pourront y rencontrer seront des avisos ou croiseurs armés de torpilles aussi bien que de canons, et possédant un équipage assez nombreux pour pouvoir amariner de bonnes prises et les conduire en sûreté au port le plus voisin.

Supposons donc qu’un de ces croiseurs-torpilleurs rencontre ce fameux paquebot si richement chargé que nous avons vu tout à l’heure dans la cruelle alternative de couler un torpilleur autonome, ou d’être irrémissiblement coulé par lui ; supposons aussi que ce croiseur-torpilleur possède une marche supérieure, de sorte que le paquebot ne saurait lui échapper. Il se dira tout naturellement : Pourquoi irais-je, en sacrifiant une ou deux de mes torpilles, couler ce beau navire, perdre un si riche butin, noyer inutilement tant de braves gens qui ne s’occupent que de leurs affaires privées ? Cela serait aussi déraisonnable que cruel. On a besoin d’argent pour faire la guerre, on a besoin chez nous de sucre, de thé, de soieries, dont la disette commence à se faire sentir ; prenons ces millions qui s’offrent à nous et qui nous indemniseront d’une partie de nos pentes ; prenons ces denrées qui satisferont à nos besoins. Ce disant, il amarinera le beau navire et ils s’en iront de compagnie gagner le port, le paquebot plaignant les armateurs, mais se félicitant, quant à l’équipage et aux passagers, de s’en tirer vies et bagues sauves, et le croiseur, torpilleur ou non, supputant les parts de prises qui enrichiront les caisses de l’état et porteront une modeste aisance au foyer soucieux où la femme et les enfans du marin attendent son retour.

C’était ce qui se passait hier, c’est ce qui se passera demain ; la situation des navires du commerce qui s’adonnent à la grande navigation sera la même durant la guerre future que dans les guerres précédentes. Quant à ceux qui auront à passer dans les détroits, dons les mers intérieures, le long des côtes, ils courront, il est vrai, le risque de rencontrer des torpilleurs qui, dans l’impossibilité de les amariner, pourraient les couler ; beaucoup seront à même