ce mot l’ensemble de l’affût et du châssis, les mouvemens les plus réguliers, les plus doux comme les plus prompts ; le chef de pièce tient le torpilleur dans sa ligne de mire, et, par des mouvemens insensibles, il le suit sans le perdre un moment de vue.
Le pointage du canon comporte deux élémens : la direction et la hauteur. Le pointage en direction est facile et sûr, parce qu’il n’y a là aucune incertitude : avec nos canonniers brevetés, il sera toujours parfait ; la largeur du but, qui est celle du torpilleur (3m, 30), est suffisante pour assurer sous ce rapport la justesse du tir.
Le pointage en hauteur est moins certain, parce qu’il dépend d’une donnée variable et qui n’est qu’approximativement connue, la distance ; mais la longueur du torpilleur (33 mètres) donne aux chefs de pièce une latitude suffisante. Après avoir rectifié les premiers coups, et en tenant compte de la quantité dont le torpilleur se rapproche par minute, un tireur exercé sera à peu près certain d’atteindre le but une fois sur deux, à une distance modérée.
En supposant que le torpilleur file 20 nœuds et le vaisseau 15 ils se rapprocheront à raison de 5 nœuds, soit, en nombre rond, de 9,000 mètres à l’heure et de 154 mètres par minute ; tel est le rapprochement dont le chef de pièce devra tenir compte dans son tir. Si donc le vaisseau commence à tirer sur son adversaire à 2,000 mètres, il aura 11 minutes pour le canonner tout à son aise avant que ce dernier soit arrivé à la distance de 300 mètres pour lancer sa torpille. Cet intervalle permettra certainement de lancer assez de projectiles pour avoir la presque certitude que l’un d’eux atteindra en plein le torpilleur et l’enverra au fond de l’eau. Pendant onze minutes, rien ne vient gêner le vaisseau, rien ne vient troubler les chefs de pièce ou les servans : le torpilleur ne répond pas à leurs coups ; il reste comme une cible muette offerte à leurs obus jusqu’à ce qu’il soit parvenu à portée de lancer, avec toutes les chances de succès, son invisible engin, et il est à croire qu’il n’y arrivera pas.
Voyons maintenant ce qui se passe sur le torpilleur : le tir de la torpille ne comporte, il est vrai, qu’un élément, le pointage en direction, mais néanmoins il est entouré de plus de difficultés que celui du canon, difficultés dont les exercices de rade ne donnent pas l’idée, et il est sujet à bien plus de causes de déviation.
Tandis que le canon se pointe par l’affût (affût-châssis), lequel est indépendant du bâtiment et se manœuvre par les servans au moyen d’instrumens appropriés, le tube de lancement de la torpille fait corps avec le bateau-torpilleur sur lequel il est fixé ; on peut donc le comparer à un canon dont le torpilleur est l’affût, affût de 33 mètres de longueur. Il se pointe donc par la manœuvre du bateau lui-même, par le timonnier au moyen de la barre du gouvernail ;