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moins-value des recettes et de la crainte d’un renouvellement d’hostilités du conseil municipal contre la compagnie.

Les Chemins autrichiens ont fléchi de 20 francs, à 465. La moins-value des produits en 1886 sur 1885 atteint déjà plus de 5 millions, Le Lombard a été soutenu, et le Saragosse, dont les recettes s’améliorent sensiblement, s’est relevé de 17 francs. Le Nord de l’Espagne a reculé de 5 francs à 332.

Plusieurs assemblées d’actionnaires ont eu lieu pendant la quinzaine. Elles attestent presque toutes les tristes résultats de la prolongation de la crise. Les conseils d’administration de la Société France-algérienne, du Télégraphe de Paris à New-York, et du Crédit mobilier ont expliqué pourquoi ils n’avaient aucun dividende à proposer pour 1885. La Compagnie des Téléphones, plus heureuse, a annoncé un dividende de 25 francs.

Le ministre des travaux publics a déposé, le 17 courant, sur le bureau de la chambre des députés, un projet de loi tendant à accorder à la Compagnie du canal de Panama l’autorisation d’effectuer des emprunts, jusqu’à concurrence de 600 millions de francs, au moyen de titres remboursables avec lots. C’est, — il y a plus d’un an déjà, — le 17 mai 1885, que M. de Lesseps avait adressé au ministre de l’intérieur sa demande d’autorisation, en la motivant sur le fait que la Compagnie de Panama se trouvait actuellement dans la situation où était la Compagnie du canal de Suez deux ans avant l’inauguration du canal maritime, et que presque la moitié de l’effort nécessaire pour achever le canal avait été faite.

Le gouvernement, avant de statuer sur cette demande, avait cru devoir réclamer l’avis spécial du ministre des travaux publics. Celui-ci chargea, le 24 décembre 1885, d’une mission à Panama M. Rousseau, ingénieur en chef des ponts et chaussées, dont le rapport fut remis, le 30 avril 1886, aux mains du ministre des travaux publics.

M. Rousseau, dans ses conclusions, dit l’exposé des motifs du projet de loi déposé à la chambre, admet la possibilité de mener à bien le percement de l’isthme de Panama : il fait ressortir le caractère grandiose de l’œuvre poursuivie, l’importance des efforts déjà réalisés et l’intérêt qui s’attache à en assurer le succès par l’entremise d’une Compagnie française. Il ajoute que l’approbation des projets et des marchés échappant au gouvernement, ainsi que la direction des travaux, l’entreprise présentant d’ailleurs de sérieux aléas, le gouvernement ne saurait donner à la Compagnie ni conseils, ni garantie quelconques.

Quoi qu’il en soit, le ministre des travaux publics propose à la chambre d’autoriser l’émission, pourvu que les titres émis jouissent d’un intérêt d’au moins 3 pour 100 du capital nominal, que la somme totale annuelle