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REVUE LITTERAIRE

VOLTAIRE ET J.-J. ROUSSEAU

Querelles de philosophes : Voltaire et J.-J. Rousseau, par M. Gaston Maugras. Paris, 1880 ; Calmann Lévy.

Il me parait d’abord utile, et même humain, de soulager M. Gaston Maugras d’un scrupule qui lui pèse : « Bien que des recherches, couronnées de succès, dit-il dans sa Préface, et l’extrême obligeance des collectionneurs auxquels nous nous sommes adressé, nous aient permis de donner une part d’inédit considérable, les documens qui figurent dans ce volume sont en majeure partie extraits des correspondances et des ouvrages qui ont paru depuis le siècle dernier jusqu’à nos jours ; » et il craint qu’on ne lui reproche d’avoir ajouté peu de chose aux trois mille et quelques lettres que nous devrions avoir de Rousseau, s’il existait une bonne édition de sa Correspondance, et aux quelque dix mille qui nous sont parvenues de Voltaire. Évidemment, il croit que tout le monde a lu, comme lui, non-seulement toutes les lettres, mais aussi toutes les œuvres de Voltaire et de Rousseau, non-seulement toutes leurs œuvres, mais aussi toutes celles de leurs contemporains, et non-seulement enfin qu’on les a lues, mais aussi qu’on les a présentes à la mémoire. Qu’il se détrompe et qu’il se rassure. Dans le temps où nous vivons, le véritable inédit, selon le mot célèbre et encore plus vrai que spirituel, c’est précisément ce qui est imprimé. Ceux-là seuls reprocheront à M. Gaston Maugras de ne pas