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à bien des ouvrages qui sont presque toujours de longue haleine, même dans les petites dimensions, et dans lesquels la matière se présente devant l’esprit avec des exigences impérieuses. Aussi tandis que, dans la section de peinture, l’incertitude croissante des directions et l’affaiblissement de plus en plus marqué des études nous exposent à une concurrence déjà menaçante des étrangers, dans les sections d’architecture, de sculpture, de gravure, nous continuons à garder, vis-à-vis d’eux, notre éclatante et vieille supériorité. La tradition nationale, dans ces trois sections, est entre bonnes mains, comme l’a fermement attesté, en toutes occasions, la loyauté de nos rivaux. Dans toutes les Expositions internationales ouvertes à l’étranger depuis 1878, à Munich, à Vienne, à Amsterdam, à Anvers, les plus grands succès, dans les salles françaises, ont été pour nos sculpteurs, nos architectes, nos graveurs ; c’est à eux qu’ont été toujours réservés, dans la proportion la plus considérable, les récompenses de l’ordre le plus élevé. Bien que leurs jurys d’admission, notamment celui de la sculpture, cédant à l’entraînement commun, ne veillent plus assez rigoureusement, à notre gré, sur le bon choix des ouvrages exposés, cependant leur tolérance, à cet égard, reste encore beaucoup moins étendue que celle des peintres. Au Salon de 1886, comme aux Salons précédens, leurs sections offrent vraiment un sérieux intérêt et raniment la confiance dans les destinées de l’art français.


I

Les salles d’architecture présentent, pour tous ceux qui veulent prêter un peu d’attention à la lecture assez facile d’une élévation, d’une coupe et d’un plan, l’attrait le plus instructif et le plus varié. On peut se plaindre que certaines améliorations réclamées plus d’une fois dans la Revue, entre autres l’installation d’une table de lecture où seraient déposés les mémoires et documens explicatifs, n’y soient pas encore effectuées. On peut toujours regretter que les auteurs de projets ne joignent pas plus souvent, à leurs dessins et lavis, de ces modèles en relief qui font mieux comprendre à des yeux inexpérimentés l’anatomie des constructions. Il faut cependant constater que les architectes se préoccupent beaucoup plus qu’autrefois d’attirer à eux le public, d’encourager ses timidités, d’éclairer ses ignorances en s’efforçant de donner à leurs études une séduction pittoresque. Un grand nombre des châssis exposés contiennent des vues d’intérieur ou des vues d’extérieur, des études de détail ou des fragmens de décorations qui sont de véritables peintures à l’aquarelle traitées avec un soin et une dextérité qui pourraient leur ouvrir l’accès de la section voisine.