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LE
SALON DE 1886

II.[1]
ARCHITECTURE, GRAVURE, SCULPTURE.

C’est un grand avantage, pour un groupe d’artistes, de n’être point exposé aux tentations de la popularité. Les architectes, les sculpteurs, les graveurs, dont la presse parle peu et que le gros public ne regarde guère, récoltent en ce moment les bénéfices de leur isolement. Accoutumés à vivre entre eux, à s’observer entre eux, à ne compter que sur le jugement de leurs pairs ou d’un petit nombre d’amateurs choisis, ils se sont de tout temps moins abandonnés que leurs voisins de la peinture aux fantaisies périlleuses. Dans ces corporations moins nombreuses, c’est encore une nécessité, pour y être estimé, de bien connaître son métier. L’opinion des confrères, en l’absence de statuts réguliers, y exige tout au moins, pour qu’on y soit appelé maître, la production d’une vraie pièce de maîtrise. L’obscurité générale de la profession n’y attire point les ambitions impatientes, les difficultés de la carrière en écartent toutes les vocations douteuses. Une volonté énergique y est de rigueur, une réflexion patiente y est d’habitude pour mener

  1. Voyez la Revue du 1er juin.