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L’ÉTAT POLITIQUE
DE
LA FRANCE EN 1886

Pour connaître aujourd’hui la pensée politique de la France, le meilleur moyen me semble de rechercher le sens des élections d’octobre dernier. Qu’a voulu à cette époque le suffrage universel? — Sur quelles questions s’est-il prononcé? — Quelles solutions a-t-il indiquées? Il suffit, pour le savoir, de parcourir les professions de foi des candidats. Partout, on retrouve les mêmes préoccupations ; partout, on se prononce pour ou contre les expéditions lointaines ; on approuve, ou on blâme la politique adoptée vis-à-vis du clergé ; partout enfin, on critique ou on loue la gestion financière de ces dernières années et les moyens employés pour combattre la crise économique.

Voilà bien les trois questions sur lesquelles le pays a voté. — Le sens de ses réponses n’a pas été obscur, il a déclaré nettement qu’il ne voulait plus poursuivre de conquêtes lointaines, qu’il désirait clore au plus tôt les expéditions du Tonkin et de Madagascar, qu’il était fatigué de la guerre poursuivie contre le clergé et qu’il voulait une administration économe des finances publiques.

Tel a été le sens clair, précis du scrutin du 4 octobre : la réprobation de la politique suivie dans ces dernières années a été si vive que les représentans du parti ayant eu la majorité à l’assemblée nationale de 1871, recueillaient en 1885 plus de suffrages qu’en 1877, alors qu’ils disposaient de l’administration ; le nombre de leurs voix avait doublé de 1881 à 1885. — Quant au parti républicain, il s’était divisé en deux fractions presque égales, et les radicaux