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députés qui se trouvent déjà à Paris se sont réunis, et en attendant l’intervention régulière des chambres, ils ont invité un Français qui n’a jamais combattu que pour la France, M. le duc d’Orléans, à exercer les fonctions de lieutenant-général du royaume. C’est à leurs yeux le plus sûr moyen d’accomplir promptement par la paix le succès de la plus légitime défense.

« Le duc d’Orléans est dévoué à la cause nationale et constitutionnelle. Il en a toujours défendu les intérêts et professé les principes. Il respectera nos droits, car il tiendra de nous les siens.

« Nous nous assurerons par des lois toutes les garanties nécessaires pour rendre la liberté forte et durable : le rétablissement de la garde nationale, avec l’intervention des gardes nationaux dans le choix des officiers ; l’intervention des citoyens dans la formation des administrations départementales et municipales ; le jury, pour les délits de la presse ; la responsabilité légalement organisée des ministres et des agens secondaires de l’administration ; l’état des militaires légalement assuré ; la réélection des députés promus aux fonctions publiques.

« Nous donnerons enfin à nos institutions, de concert avec le chef de l’état, les développemens dont elles ont besoin.

« Français, le duc d’Orléans lui-même a déjà parlé, son langage est celui qui convient à un pays libre. Les chambres vont se réunir, vous dit-il ; elles aviseront aux moyens d’assurer le régime des lois et le maintien des droits de la nation.

« La charte sera désormais une vérité. »


Les applaudissemens donnés, sinon sans réserve intérieure, du moins sans contestation apparente, à cette déclaration, où tout était excellent, où tout ce qui devait être dit était dit, où tout ce qui devait être laissé en suspens était laissé en suspens, ces applaudissemens, dis-je, universels, autant qu’on en pouvait juger, prouvaient, du reste, qu’en ce moment même et en ce lieu même, la victoire était à la bonne cause, et que la démarche hardie et tempestive, si l’on ose ainsi parler, de ses organes légitimes était couronnée par un plein succès. On a parlé d’un programme de l’Hôtel de Ville; s’il y eut telle chose, ce fut la déclaration des députés.

Le retour fut un vrai triomphe; un triomphe, cette fois, pour tout de bon ; une acclamation unanime.

M. de La Fayette attendit à peine l’arrivée du lieutenant-général au Palais-Royal, pour s’y présenter à son tour. Il nous a fait connaître avec une franchise qui serait un éloge pour tout autre que lui les circonstances de cette seconde entrevue. C’est de lui-même que nous les tenons. s’il fut, entre eux, question de république et du gouvernement des États-Unis, ce fut M. de La Fayette qui reconnut