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le montant total définitif du papier-monnaie fédéral et décidant que le trésor, au lieu d’anéantir les billets au fur et à mesure de leur présentation à ses guichets, devrait indéfiniment les remettre en circulation. Bien que ces greenbacks, depuis l’abolition du cours forcé en 1879, soient absolument remboursables en or, en toutes quantités et à vue, au gré des porteurs, et qu’ils soient tenus aux États-Unis pour un moyen de paiement aussi sûr que l’or, ils n’ont d’autre base métallique que les 100 millions de dollars d’or qui, dans l’encaisse du trésor, constituent, en vertu d’une loi de 1882, une sorte de réserve spéciale pour le remboursement des billets de crédit fédéraux.

M. Daniel Manning demandait donc le rappel des deux lois de 1878 : l’une, sur le monnayage forcé de l’argent (loi Bland) ; l’autre, sur le maintien et la remise indéfinie en circulation d’un montant déterminé de greenbacks. Le terrain, une fois déblayé de cette double législation, cause, à son avis, de tous les désordres en matière économique et financière, le secrétaire du trésor proposait de décider que les greenbacks fussent remboursés et que le stock de monnaies d’argent qui repose actuellement, complètement inutile et sans emploi possible dans les caveaux du ministère des finances, eût désormais à remplir les fonctions d’une circulation de papier, en ce sens qu’il serait représenté en totalité dans la circulation par des certificats en tout semblables à ceux qui s’y trouvent déjà et qui forment la contre-partie d’une fraction seulement du stock monnayé.

Dans l’état actuel des choses, la circulation en papier-monnaie fédéral (il est bien entendu que nous laissons ici hors de compte les 320 millions de dollars des billets des banques nationales), se compose de deux élémens distincts : 1o  une partie non couverte par un stock métallique (ou mieux couverte jusqu’à concurrence seulement de 100 millions de dollars en or), ce sont les 300 millions de greenbacks ; 2o  une partie couverte, dollar pour dollar, par un stock métallique en dépôt au trésor, savoir : des certificats d’or pour 100 à 110 millions de dollars et des certificats d’argent pour 90 millions de dollars environ, en tout : 500 millions de dollars.

La suppression des greenbacks, une fois décidée, le monnayage forcé de l’argent serait continué (telle est la concession offerte par le secrétaire du trésor aux silvermen du congrès) jusqu’à ce que la frappe atteigne un total de 250 millions de dollars. La demande de certificats d’or et de certificats d’argent croîtrait naturellement en raison directe de la diminution successive du montant des greenbacks et finalement la circulation de papier ne se composerait plus que d’un seul élément représentant, dollar pour dollar, la base métallique sur laquelle il serait constitué. Elle comprendrait des certificats