Lorsque, en 1705, Grimarest publia la première biographie un peu détaillée qui ait paru sur Molière, un anonyme crut devoir protester, au nom de la dignité des lettres. « Nous avons de Molière, écrivait-il, tout ce qui doit nous toucher, ce sont ses ouvrages ; et je me mets fort peu en peine de ce qu’il a fait dans son domestique, ou dans son commerce avec ses amis. Nous nous passons de la vie de bien d’autres personnes illustres dans les lettres ; nous nous serions aussi bien passés de la sienne. Je m’embarrasserois peu ni de ce qu’il étoit, ni d’où il étoit ; l’état n’est nullement intéressé dans sa naissance ni dans ses actions. » Qu’eût dit le dédaigneux critique s’il eût vécu de nos jours ? De quel mépris eût-il traité tous ceux qui, depuis Beffara, multiplient les recherches et les volumes non-seulement sur Molière, mais sur ses parens de tout degré, ses amis et ses amies, ses camarades et ses serviteurs, les maisons qu’il a habitées, les vêtemens qu’il a portés ? En vertu de la théorie des milieux et grâce au goût du commérage, qui du journalisme a passé dans l’histoire littéraire, nous voulons pénétrer
Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 75.djvu/353
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UN
BOURGEOIS DE PARIS
AU XVIIe SIECLE
JEAN POQUELIN