Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 75.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

été remis à M. Delyannis et l’escadre internationale est venue mouiller devant le Pirée. Sous le coup d’un traitement si cruel, la population hellénique s’est indignée et le gouvernement a été tenté de revenir sur les engagemens pacifiques pris avec le cabinet français. Cette hésitation sera de courte durée, tout le fait espérer, et, avant peu de jours, satisfaction aura été donnée aux exigences du concert européen. Ces péripéties imprévues, survenant à la onzième heure et compliquant l’épilogue de la tragi-comédie du conflit gréco-turc, ont arrêté la hausse sur les rentes. Le 3 pour 100 reste établi à 81.70 environ, l’amortissable à 83.70, le 4 1/2 à 109.60. Les taux de report pour la liquidation tendent à s’élever, conséquence d’une raréfaction passagère des capitaux, ceux-ci se réservant pour la souscription. Dans les derniers jours, les titres du futur emprunt se sont négociés par anticipation avec une prime de 1 fr. 50 à 1 fr. 95.

La perspective d’un règlement prochain, dans le sens pacifique, de la dernière des questions qui agitent depuis un an l’Europe orientale, a raffermi les cours des fonds d’états étrangers, très ébranlés pendant quelques jours par la faiblesse qui tendait à prédominer sur les marchés de Berlin et de Vienne. Le Hongrois avait reculé à 82 1/2, le Turc, à 14.20 ; la Banque ottomane, à 512 ; l’Unifiée, à 345 ; l’Extérieure, à 56 1/2. Aujourd’hui, la reprise sur ces cours atteint une unité pour le Hongrois, 3/4 pour le Turc, 15 francs pour la Banque ottomane, 5 francs pour l’Unifiée, 1/2 pour la Rente espagnole.

L’Italien s’est relevé très vivement à 97.60. La spéculation espère que les élections qui vont avoir lieu en mai fortifieront la situation du cabinet et permettront à celui-ci d’appliquer avec une énergie nouvelle la politique financière dont le royaume a tiré jusqu’ici de si favorables résultats.

Parmi les titres des établissemens de crédit, l’un des mieux tenus est toujours le Crédit foncier, dont l’action se négocie de 1,350 à 1,355 francs. Les actionnaires ont pu se convaincre, par les communications qui leur ont été faites à la dernière assemblée générale, des conditions extrêmement favorables dans lesquelles se développent les opérations sociales. Le dividende, fixé à 60 francs, aurait pu être élevé à 62 francs si le conseil n’avait jugé opportun de reporter à l’exercice en cours un solde important du compte profits et pertes. Les réserves ont été considérablement augmentées, et toutes précautions prises pour qu’aucune conséquence fâcheuse de la persistance de la crise immobilière ne puisse atteindre le Crédit foncier.

Malgré la faiblesse des résultats bénéficiaires que présente depuis le commencement de 1886 le bilan de la Banque de la France, les actions de cet établissement se soutiennent au-dessus de 4, 200. Le classement parfait des titres oppose un obstacle des plus sérieux aux