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déterminer une réaction nouvelle. Elle est une cause d’immobilité plutôt que de dépréciation.

Le 8 courant, la chambre a voté, sans modification essentielle, les propositions sur lesquelles la commission et le gouvernemens s’étaient mis d’accord. Le sénat est actuellement saisi du projet de loi. Il est peu probable que sa décision se produise à temps pour que l’emprunt puisse avoir lieu en avril. L’opinion générale est que la date en est dès maintenant fixée au 7 mai. Il faudrait que le vote final eût lieu samedi au plus tard pour que le ministre des finances pût se décider à brusquer l’affaire du 20 au 22 courant. La Bourse ne compte plus sur une solution de ce genre.

Les affaires ont repris un peu d’activité pendant la première semaine, puis sont redevenues presque nulles dans la seconde. La spéculation avait espéré que l’emprunt tant de fois annoncé, puis démenti, et enfin réalisé, serait le point de départ d’un mouvement continu rendant la vie au marché, le signal du réveil de l’esprit d’entreprise. On avait fait, à ce point de vue, un excellent accueil aux projets du chemin de fer métropolitain et de l’exposition universelle, déposés le 3 avril sur le bureau de la chambre par les ministres du commerce et des travaux publics. L’urgence de ces deux projets n’a pas besoin d’être démontrée. Le premier comporte la création d’une société au capital de 50 millions. Il est fâcheux que la chambre n’ait pu, occupée qu’elle était par des interpellations, trouver le temps de statuer sur ces projets avant les vacances prochaines qui vont durer un mois. L’exposition et le métropolitain attendront, et la Bourse aussi. Depuis quelques jours la spéculation semble avoir perdu déjà beaucoup de la confiance que lui avait inspirée la première annonce des projets financiers du gouvernement.

Le rendement des impôts s’est un peu amélioré en mars, en ce sens que les moins-values ont été plus faibles que dans les deux premiers mois de l’année. La diminution par rapport aux évaluations n’est que de 2,275,725 francs. Mais elle atteint encore 4,929,400 francs sur les résultats du mois correspondant de 1885. Pour le premier trimestre il y a une déconvenue totale de 25 millions sur les prévisions budgétaires, et de 20 millions sur les produits du dernier exercice. Si la même proportion devait exister pour les trois autres trimestres, le déficit atteindrait un chiffre formidable. Quelques symptômes favorables permettent d’espérer que le rendement des impôts a passé de janvier à mars sa période la plus mauvaise pour 1886.

La soumission du prince Alexandre et le règlement définitif de la question rouméliote ont soutenu les valeurs orientales, qui, d’abord, avaient manifesté quelques tendances à faiblir. Le Turc s’est relevé de 14 à 14.70, la Banque ottomane, de 516 à 521.

L’Obligation unifiée est revenue à 350 francs environ, cours atteint