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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La commission du budget avait été nommée le 25 mars. Avant la fin du mois, elle décidait qu’il y avait lieu de réaliser un emprunt de 900 millions de francs. Ce chiffre, inférieur de près de 600 millions à celui qu’avait proposé à l’origine le ministre des finances, a empêché la réaction qui se produisait sur nos fonds publics de prendre plus de développement. Il a semblé qu’il avait été vendu bien assez de rentes en prévision d’une opération de moins de 1 milliard, que peut-être même il en avait été trop vendu, et que le découvert était exposé à se voir poursuivi avant l’arrivée sur le marché des rentes à provenir de l’emprunt.

Les cours les plus bas ont donc été cotés en liquidation : 80.30 sur le 3 pour 100, 82.20 sur l’amortissable, et 108.65 sur le 4 1/2. La première semaine d’avril a vu se produire près de 1 franc de hausse sur ces cours. Le 3 pour 100 a touché 81.20 et reste à 81.05 ; l’amortissable s’est relevé de plus d’une unité à 83.30 ; le 4 1/2 de 0 fr 95 à 109.60.

Ce mouvement a été déterminé presque exclusivement par des rachats de vendeurs, peu soucieux de rester plus longtemps engagés, alors qu’il ne s’agissait plus de la grande opération de liquidation dont avait parlé M. Sadi-Carnot, mais d’une simple consolidation ramenée aux proportions d’un emprunt de 500 millions. C’est, en effet, à ce chiffre que se réduit aujourd’hui définitivement l’appel à l’épargne publique. Deux jours après avoir voté en principe l’émission de 900 millions, la commission décidait qu’il serait fait deux parts de cette somme, l’une de 400 millions, destinée à l’atténuation des comptes-courans des caisses d’épargne et de la caisse des retraites de la vieillesse, l’autre de 500 millions, affectée au remboursement de bons du trésor et à l’atténuation des découverts budgétaires. Il était également arrêté que les rentes créées pour les caisses d’épargne seraient remises à la Caisse des dépôts et consignations qui les tiendrait à la disposition des déposans, au taux d’émission fixé pour la souscription publique. Les 500 autres millions seront seuls l’objet d’une émission générale. C’est peu pour les préparatifs qui avaient été faits en mars ; aussi la préoccupation de l’emprunt peut-elle encore entraver les mouvemens naturels des cours sur le marché, mais non