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TIRYNTHE
ET
LES FOUILLES EN PAYS CLASSIQUE

Tirynthe, le palais préhistorique des rois de Tirynthe, par Henri Schliemann. Paris, 1885.

Nous ne sommes plus au temps où une femme d’esprit, bien connue des lecteurs de la Revue, disait plaisamment : « Tirynthe est un petit tas de grosses pierres. » Il est vrai qu’elle fit amende honorable et retira son expression ; car presque toutes les anciennes acropoles de la Grèce sont petites et fortifiées de grosses pierres. Celle-ci, d’ailleurs, avait eu d’assez hautes destinées, un grand renom : c’est là qu’était ne Hercule, dieu-soleil, héros destructeur des monstres et des brigands. A l’époque où cette aimable dame tenait un propos si injurieux pour le berceau d’Héraclès, on n’allait pas aisément d’ici à Tirynthe. De Paris, nous mettions trois jours pour gagner Marseille; huit ou neuf, de Marseille au Pirée, en touchant à Malte. Du Pirée on pouvait, en douze heures, se rendre à Nauplie, et de là, à cheval, on atteignait Tirynthe, A présent, on va de Paris à Athènes en moins de quatre jours, par Brindisi ; bientôt les navires traverseront l’isthme de Corinthe, et cette ville, où tout le monde n’allait pas, sera un lieu de passage. Déjà à Corinthe est une station du chemin de fer qui vient d’Athènes, par Eleusis et Mégare, et qui, se continuant jusqu’à Nauplie, passe au pied de Tirynthe. Le voyage est court, facile et charmant. Si l’état de paix se rétablit chez les Orientaux et si les Hellènes réussissent à combler