occidental du rocher de Sainte-Victoire, dont la cime dut atteindre la hauteur d’une montagne de premier ordre. Bien des particularités que nous allons signaler rendent vraisemblable cette dernière supposition ; mais ce qui atteste la puissance du phénomène qui vint alors redresser une partie des assises, tandis que l’autre en s’affaissant ouvrait une vaste cavité, c’est la masse détritique qui combla celle-ci aussitôt que les eaux courantes s’y furent rassemblées pour former un lac. Sur deux points de ce lac, tous deux à portée de la montagne, auprès d’Aix et non loin de Meyrargues, des brèches, des poudingues, des argiles ferrugineuses mêlées de débris furent charriés, accumulés dans les dépressions, et la direction des eaux qui les entraînèrent, en ravivant sur leur passage les divers élémens mis à leur portée, peut être aisément suivie de l’est à l’ouest, en tenant compte de l’atténuation graduelle des matériaux. Les plus gros et les plus lourds, en effet, se déposaient naturellement les premiers, tandis que les plus légers et les plus fins allèrent plus loin et s’avancèrent jusqu’au milieu du lac, dont ils nivelèrent le fond. Au-dessus de cette première assise, des sédimens plus subtils, formes d’un limon plastique dont les particules étaient cimentées par le calcaire ou la silice tenus en dissolution dans les eaux, constituent des strates d’une épaisseur variable qui alternent avec de minces feuillets. Une teinte générale d’un blanc grisâtre caractérise ce dernier ensemble et dénote le calme parfait du mode de sédimentation.
Ce lac n’était pas le seul. Nous l’avons déjà dit, chaque montagne principale avait le sien, au bas de son versant abrupt, et ces montagnes, depuis amoindries ou bouleversées, demeurent pourtant comme des témoins de l’état de choses que nous signalons, tandis qu’à leur pied les couches lacustres disloquées, redressées parfois jusqu’à la verticale, attestent à la fois la violence des mouvemens postérieurs et la faible élévation originaire des anciennes plages au-dessus des ondes qui se brisaient contre elles, sur un talus littoral à peine incliné.
Dans la vallée supérieure de l’Huveaune, fleuve minuscule dont l’embouchure coïncide à Marseille avec le Prado, un petit lac s’étendait entre Saint-Zacharie et Auriol. Les eaux qui l’alimentaient se déversaient, à l’ouest, dans un plus grand lac aux bords sinueux, qui avait une île vers son milieu. Ce dernier lac, dont les rives sont encore parfaitement reconnaissables, s’étalait de l’est à l’ouest, allant de Roquevaire et Gémenos jusqu’à la rade de Marseille ; il mesurait de 12 à 15 kilomètres de long sur une largeur maximum de 6 à 8. D’autres lacs existaient encore, les uns très petits, comme celui du quartier Saint-Pierre, non loin de Martigues, celui de la vallée de Sault, au pied du Ventoux, celui de Vaucluse, près de la