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vernement ? La commission serait sans doute bien embarrassée pour expliquer son vote. Elle venait de repousser successivement les chiffres de 1,466 millions, de 1 milliard, de 500 millions, de 700 millions. Elle a voté 900 millions comme elle en aurait voté 800 ou 850, sans autre motif que la nécessité de s’arrêter à un chiffre quelconque, dût le système financier et budgétaire du gouvernement en être complètement bouleversé. Il est d’ailleurs entendu que le gouvernement accepte le vote de la commission, et il est probable que la chambre le ratifiera. La place se trouve donc en face d’un emprunt de 900 millions et non de 1,466 millions, comme il avait été dit d’abord. C’est, de toute façon, une fort grosse opération, et qu’il faut souhaiter de voir s’effectuer dans le plus bref délai possible.

Les nouvelles extérieures ont en peu d’influence sur les allures de la Bourse. On ne peut que s’en féliciter, ces nouvelles ayant été très peu satisfaisantes. Les troubles de Belgique, l’animosité croissante entre la Russie et le prince Alexandre, l’attitude agressive de la Grèce, la détresse financière de la Turquie, auraient été, en d’autres circonstances, autant de motifs de prudence et de réserve pour la spéculation.

Il est arrivé sur le marché des rentes, jusqu’à présent, peu d’inscriptions. La baisse générale a été plutôt le résultat du ralentissement causé dans le courant régulier des achats de l’épargne, par le désir de réserver les ressources nécessaires pour la souscription au nouvel emprunt. C’est à cette diminution, on pourrait dire à cette interruption subite des achats, qu’est due la réaction, très marquée pendant cette dernière quinzaine, des obligations de toute nature.

Les titres de la ville de Paris ont fléchi de 2 à 5 francs ; l’obligation 1865 perdant jusqu’à 11 francs.

Les obligations foncières 4 pour 100 anciennes ont reculé de 521 à 516 ; les 3 pour 100 de 1879 sont à 457, après 459. La communale 3 pour 100 1860 a perdu 15 francs, à 470 ; l’obligation du même type, émise en 1879, n’a reculé que de 2 fr. 50. C’est un moment d’arrêt forcé dans le mouvement d’amélioration que l’on voit se poursuivre depuis plusieurs mois sur tout cet ensemble de titres comme sur les obligations de chemins de fer, à mesure que progresse le classement.

Le petit capitaliste a cessé depuis trois semaines de se présenter devant les guichets des compagnies pour y acheter des obligations. Après l’emprunt, le courant reprendra sans peine son ancienne direction. La réaction, sur toute la ligne, a été de 3 à 5 francs. L’obligation Nord est à 338, après 392.

En ce qui concerne les rentes, où l’élément spéculatif intervient trop puissamment pour que l’action des capitaux de placement soit directement sensible sur les cours, il s’est livré pendant toute la semaine une série de combats pour la défense des cours, déjà quelque peu dépréciés par la première annonce de l’emprunt. Le 3 pour 100,