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ma droite du côté de l’aurore et du soleil, ou à ma gauche vers les ténèbres immenses ; le meilleur des augures est le combat pour la patrie. »

Le temple, celui du moins des âges postérieurs, se composait d’une vaste enceinte limitant le terrain sacré, et que ne devaient jamais franchir ceux à qui il était interdit de participer aux sacrifices communs. Au centre, s’élevait sur une solide assise, le sanctuaire véritable, la cella tournée vers l’Orient, qui renfermait l’image du dieu et souvent celles des divinités ou des héros que le dieu principal consentait à admettre dans sa demeure, ainsi que, dans nos églises, des saints ont des chapelles particulières. Près de la porte, le vase renfermant l’eau lustrale que l’on conservait pure en y jetant du sel ; sous le parvis, ou au bas des degrés qui faisaient le tour de l’édifice, l’autel qui, dans l’origine, n’était qu’un tertre ou un monceau de pierres, et qui plus tard fut une table de marbre entourée de guirlandes de fleurs et décorée de bas-reliefs. A Olympie, on ramassait chaque jour les cendres des victimes, on les gardait avec soin, et au bout de l’an, après les avoir délayées avec de l’eau puisée dans l’Alphée, on en enduisait le grand autel, qui prit ainsi des proportions énormes. Quand Pausanias le vit, il avait cent vingt-cinq pieds de circonférence, et vingt-deux de hauteur. L’autel d’Apollon Spodias, à Thèbes, était également fait de la cendre des victimes.

A l’intérieur des temples étaient suspendues les offrandes des citoyens, des villes et des rois, nombre aussi d’ex-voto, en reconnaissance d’une guérison miraculeuse ou d’un salut inespéré. Souvent l’État et les particuliers mettaient sous la garde du dieu, à côté des richesses du temple, le trésor public ou leur fortune privée.

Au nombre des plus précieux objets étaient les reliques des héros : à Olympie, l’épaule de Pélops, dont le contact guérissait certaines maladies ; à Tégée, les ossemens d’Oreste, qui donnèrent aux Tégéates la victoire tant qu’ils surent les garder. Lorsqu’ils les eurent perdus par la fraude pieuse de Lichas, il leur resta les cheveux de Méduse, qui, placés sur les murs, suffisaient à mettre en fuite l’armée ennemie ; l’orteil de Pyrrhus faisait aussi merveille.

Les statues des dieux devaient, pour le moins, posséder autant de vertus que les reliques des héros. Elles en avaient de particulières : l’une guérissait les rhumes, l’autre la goutte. L’image d’Hercule à Erythrée avait rendu la vue un aveugle, et, à Trézène, la massue du héros tombée à terre était devenue un magnifique olivier sauvage. Plus souvent, les simulacres se couvraient de sueur,