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Le 5 pour 100 italien a salué par une assez vive poussée au-delà de 98 le succès parlementaire obtenu par le cabinet Depretis après une discussion qui peut compter parmi les plus longues et les plus acharnées qui se soient produites dans le parlement italien. C’était surtout contre la politique financière du cabinet que l’opposition coalisée avait dirigé le principal effort de ses attaques. On prétendait que M. Magliani n’avait pas montré assez de férocité dans la défense des intérêts du trésor contre les entraînemens du public vers les dépenses exagérées, et, ce qui est piquant, c’est que ces dépenses avaient été surtout demandées et en quelque sorte imposées par les réclamations et les exigences constantes des fractions diverses composant l’opposition.

On s’efforçait d’inquiéter l’opinion publique à propos d’un prétendu déficit qui n’existait en réalité que dans l’imagination, ou mieux dans les discours des adversaires de M. Magliani. Celui-ci n’a pas eu de peine à démontrer que les affaires financières de l’Italie étaient dans une situation solide et prospère, que ses budgets étaient parfaitement en équilibre et que le pays pouvait être fier des progrès qu’il avait réalisés sur le terrain économique pendant les dernières années.

Si donc, depuis 1883, les excédens budgétaires se sont trouvés réduits, c’est que l’ère des grands travaux, et par conséquent des grandes dépenses, s’est ouverte au moment où un impôt très lourd était supprimé. Le pis qui puisse arriver au trésor italien, c’est la nécessité d’émettre des obligations domaniales. Il a pu l’éviter jusqu’ici. De déficit réel, il n’y en a point, et le vote de la chambre a donné raison à la politique financière de M. Magliani contre ses adversaires.

Depuis que la paix est assurée en Orient, l’attitude des valeurs internationales est plus indécise. Le Hongrois s’est maintenu à 84 1/2, mais les titres ottomans, après une nouvelle avance au début du mois, ont reculé vivement samedi. La solution pacifique avait été escomptée ; les réalisations ont suivi. La Banque ottomane a concédé au gouvernement turc une nouvelle avance de 750,000 livres, gagée sur le revenu des douanes.

Le Suez a reculé de 15 francs, les recettes restent faibles. Il en est de même pour les Chemins français ou étrangers, et la persistance de ces diminutions de rendement a produit son effet naturel sur les cours. Les titres de nos grandes lignes ont fléchi de 15 à 20 francs; trois valeurs ont monté sensiblement depuis quinze jours : l’Extérieure de 57 à 58 1/2, l’Unifiée de 343 à 350, le Panama de 455 à 465. Les transactions ont été peu animées en général sur les valeurs, considérables au contraire sur nos fonds publics, toutes les préoccupations étant concentrées sur la question de l’emprunt.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.