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ETUDES
SUR
L’HISTOIRE D’ALLEMAGNE

LA FOI ET LA MORALE DES FRANCS[1].

Ozanam, la Civilisation chrétienne chez les Francs. — II. Gabriel Monod, Études critiques sur les sources de l’histoire mérovingienne. — III. Zeller, Entretiens sur l’histoire du moyen âge. — IV. Lœbell, Gregor von Tours und seine Zeit. — V. Gieseler, Lehrbuch der Kirchengeschichte. — VI. Rettberg, Kirchengeschichte Deutschlands.

L’église avait espéré qu’un des premiers effets de la conversion des Francs serait la conversion de la Germanie. Porter la lumière de la foi chez les peuples voisins attardés « dans la barbarie de l’ignorance naturelle, » tel était le devoir que l’évêque Avitus avait assigné à Clovis au lendemain du baptême. Les Mérovingiens avaient failli à ce devoir, puisque la Germanie était encore païenne presque toute entière au milieu du VIIe siècle : un siècle et demi avait donc été perdu ; mais la dynastie n’était pas seule coupable ; l’église ne pouvait demander aux Francs que d’ouvrir la voie à la prédication, et c’était à elle qu’il appartenait de conquérir par la parole le monde barbare, comme elle avait conquis le monde romain. Aussi, après avoir dit les causes de l’impuissance des rois francs, nous faut-il chercher les raisons de l’impuissance de l’église. Ce ne sont point là des digressions : malgré les apparences, l’histoire ecclésiastique de la

  1. Voyez la Revue des 15 juillet et 15 décembre 1885.