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la richesse des documens en ce genre qu’il trouvait à Jérusalem, lui fait insérer ensuite cette précieuse table des races du monde, rattachées aux trois fils de Noé, qui peut compter entre les documens les plus précieux que nous ayons sur la haute antiquité. Les meilleurs indices portent à croire que ce document a été écrit sous Salomon. Tyr n’y figure pas comme diverse de Sidon. Les Perses ne sont pas sur la scène du monde. La connaissance de la Syrie, de l’Arabie et de l’Egypte, des pays couschites, est frappante. L’Arménie, l’Asie-Mineure, les rivages de la moitié orientale de la Méditerranée sont vus avec assez de clarté. Au contraire, du côté de l’Orient, une sorte de mur semble borner la vue de l’auteur. Les populations iraniennes, à plus forte raison celles de l’Inde, lui sont inconnues.

Des trois fils de Noé, l’auteur n’a d’intérêt que pour Sem, et, dans la famille de Sem, pour la souche particulière des Hébreux. Arphaxad, Salé, Éber, Phaleg. Seroug, Ragau, Nahor, Térach sont les échelons (géographiques pour la plupart), qui le conduisent à Abraham. Le groupe d’Abraham, Nahor, Harran, Saraï, Milkah, Jiskah, Lot, flotte bizarrement autour d’Our-Casdim et de Harran. On entre ensuite en Chanaan. La séparation d’Abraham et de Lot, la naissance d’Ismaël, sont le prélude du pacte de Dieu avec Abraham. Ce nouveau pacte a pour signe un nouveau précepte, la circoncision le huitième jour. Cette pratique devient de droit absolu : un incirconcis ne saurait être de la race d’Abraham. Les esclaves, les gens qui vivent dans le commerce d’Israël y sont tenus également. Suivent les histoires de Sara, d’Agar, d’Isaac et d’Ismaël, les récits sur la caverne de Macpéla. les généalogies des Arabes, rattachés à Abraham par Céthura et Agar.

Les légendes d’Isaac et de Jacob étaient traitées par l’élohiste bien plus au point de vue du généalogiste qu’avec ces riches détails pittoresques qui faisaient le charme de la Bible du Nord. L’auteur tient à rattacher les populations voisines de la Palestine, surtout Édom, au tronc abrahamide. Une courte histoire d’Edom est sans doute empruntée aux plus vieux documens écrits des peuplades sémitiques. Le pacte d’Abraham est renouvelé avec Isaac et Jacob. L’histoire de Joseph était commune à toutes les rédactions.

Dans les récits relatifs à Moïse, le rédacteur hiérosolymite ne s’écartait que dans les détails du récit israélite. Comme son confrère du Nord, il envisageait l’apparition du Sinaï comme la dernière et définitive alliance de Dieu avec le peuple élu. Le grand mémorial de ces événemens miraculeux, c’est la Pâque; or la Pâque pour notre auteur suppose la circoncision et la consécration des premiers-nés. Le cantique après le passage de la Mer-Rouge