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est sans nul doute la grande crise du régime de 1830. Le ministre qui était l’objet de tant d’animadversions et qui aurait mérité le succès par la fermeté avec laquelle il avait tenu tête à l’orage, le comte Mole, ne résista pas à un si formidable assaut; il y périt comme chef de cabinet. La monarchie n’y périt pas du coup : elle put même voir avant peu la coalition se dissoudre dans l’impuissance, les coalisés se disperser, et elle a vécu dix ans encore avec toutes les apparences d’un établissement incontesté. Elle avait cependant reçu une profonde blessure dont elle s’est toujours ressentie, et des esprits comme M. de Montalembert, M. de Lamartine, n’ont pas hésité depuis à voir dans la coalition de 1838 une des causes premières de sa chute. Les causes de cette chute ont été certainement multiples, et elles ont agi lentement, obscurément. La monarchie de juillet avait dû nécessairement s’affaiblir par degrés plus qu’on ne le croyait, puisqu’un jour elle a disparu au premier choc d’une émeute vulgaire qui n’égalait pas les insurrections qu’elle avait dix fois vaincues. Elle n’a pas duré, voilà qui est clair. Mais ce qu’il y a de certain aussi, c’est que dans son ensemble, telle qu’elle a été, avec les faiblesses de l’institution et des hommes, elle est du petit nombre des gouvernemens qui n’ont fait que du bien, qui, en disparaissant, ont laissé le pays libre, prospère et respecté. Elle n’a sûrement laissé ni les ressources nationales compromises, ni le territoire amoindri, ni l’influence française diminuée, ni la paix morale troublée par les politiques de secte. — Le 24 février 1848 a commencé réellement une ère nouvelle qui dure encore. A chaque régime ses œuvres, à chaque période de l’histoire son caractère et sa moralité !


CH. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES


L’Assainissement des villes par l’eau, les égouts, les irrigations, par M. A. Mille, inspecteur général des ponts-et-chaussées en retraite, conseil de la ville de Paris, 1 vol. in-8o. Paris, 1886; Dunod.


Ce n’est pas sans raison que l’auteur de ce livre compare les progrès, si réels et si manifestes, de l’hygiène publique, à la révolution économique qui a suivi la création des chemins de fer. Malheureusement, sous beaucoup de rapports, nous ne sommes pas encore sortis des tâtonnemens, des expériences et des controverses acrimonieuses. A Paris même, l’assainissement des habitations et de la rivière est loin