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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février.

Le problème qui est partout aujourd’hui, visible ou invisible, qui pèse sur les affaires de la France, n’a rien que de simple, de saisissable, et mérite d’être remis sans cesse sous les yeux du pays, qui, seul en définitive, dispose de la solution souveraine.

Que la république, comme tous les régimes qui ont vécu ou qui vivront en ce monde, ait besoin d’être régie, dirigée, d’avoir un gouvernement pour avoir quelque fixité et un lendemain, aucun esprit sérieux n’en a jamais douté. M. le président de la république, il y a quelques semaines, célébrait la stabilité dans un message : il demandait au parlement une majorité qui pût aider un ministère à vivre ; il demandait, sans doute aussi, un ministère qui sût se faire une majorité, et la conduire au lieu de s’asservir à ses passions. Le dernier ministère, celui qui a disparu avec l’année écoulée, réclamait, d’un ton mélancolique et grave, les moyens d’être un gouvernement, et avant celui-là, tous les ministères précédens avaient mis tour à tour dans leur programme la stabilité, la nécessité d’assurer un gouvernement à la république. Le ministère qui existe aujourd’hui a commencé par les mêmes déclarations, par l’expression des mêmes vœux, et en se promettant, naturellement, de faire ce que les autres n’ont pas fait. Les radicaux eux-mêmes, ceux qui ne sont pas simplement des anarchistes, appellent un gouvernement. C’est le cri universel, c’est le mot d’ordre dans tous les camps : on le dit tout haut, on le dit plus vivement et plus librement encore tout bas, dans les conversations. Tout le monde avoue la nécessité d’un gouvernement, apparemment parce qu’on sent bien que, depuis des années, il n’y en a pas en