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est fier ! .. Le sang de ses ancêtres ! .. Rappelle-toi que l’année dernière, en pareille occasion, il a pris une chambre au cercle ; et quand tu as voulu le revoir,.. car tu ne peux pas le passer de lui,.. il n’a consenti à en sortir qu’après que j’aurais payé ses dettes ! »

Avec un pareil esprit, M. Meilhac ne devrait-il pas achever la comédie mondaine de ce temps-ci, écrire la suite de Froufrou et de la Petite Marquise ? Ne devrait-il pas mieux administrer les dons que la nature lui a faits et dont il est comptable aux amis de l’art ? Et d’abord, ne devrait-il pas quitter ces théâtres où l’on peut bien trouver une fine comédienne comme Mlle Réjane, un fantaisiste raisonnable comme M. Baron, mais aussi un acteur comme M. Dupuis, qui a licence de ne pas savoir son rôle ; ces théâtres où les exigences de tel ou tel interprète font défaire ou refaire une pièce jusqu’à ce qu’elle parvienne, irrémédiablement disloquée, au public ? M. Meilhac est le prince du rire parisien : qu’il remplisse les devoirs de son état. Qu’il nous donne au plus tôt, faite comme il peut la faire, la pièce gaie qu’on réclame ; qu’il aide ceux d’entre nous qui s’y essaient, au moins dans la soirée, à secouer cette mélancolie qu’un de ses personnages exprime plaisamment : « Je m’ennuie chaque jour davantage, dit Pluribus à son ami Clochart ; et chaque jour, je pense que je m’ennuierai davantage le lendemain ; ., le lendemain arrive,.. et je m’ennuie encore mille fois plus que je ne l’espérais ! »


Louis GANDERAX.