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le phylloxéra possède quatre domaines[1] que le sulfo-carbonate de potassium maintient jusqu’ici en grande prospérité[2]. La Société des Pinèdes de Sainte-Marie et celle des salins d’Aigues-Mortes[3] font d’immenses plantations dans les sables et y ont entrepris des travaux dépassant les forces de la propriété individuelle. La Société de Châteauneuf-le-Rouge[4] plante de la vigne américaine et produira sur ses coteaux ensoleillés les qualités de vin que les sables ne sauraient donner, tandis que la reconstitution des vignobles sera plus généralement tournée du côté de la quantité que de la qualité.

Enfin, l’entreprise la plus considérable en ce genre est celle de Faraman (Bouches-du-Rhône). Cette belle terre, à peu près stérile entre les mains de ses anciens maîtres, a été acquise par la Compagnie des produits chimiques d’Alais et de la Camargue. La direction en a été confiée au créateur de l’Armeillère, ce poste si avancé de la viticulture moderne, M. Reich, qui se propose de réunir, dans les milliers d’hectares qu’il dirige, la submersion, la plantation dans les sables et la vigne américaine. Déjà de larges espaces, réputés impropres à la culture, se couvrent d’aramons, de petits-bouschets et de carignannes. Ce dernier cépage est très accessible au mildew, mais M. Reich conserve l’inébranlable confiance que ce cryptogame sera vaincu comme l’oïdium l’a été avant lui. — Son espoir est devenu certitude devant les succès de la Gironde.

Le congrès qui doit être tenu à Bordeaux en août 1886 achèvera d’élucider les questions se rattachant aux divers traitemens du mildew, ce qui rendra cette réunion aussi intéressante, si ce n’est plus, que celle de 1881. C’est de Bordeaux qu’est venue, en 1868, la première pensée de vaincre le phylloxéra par la vigne américaine qui l’avait apporté. C’est au congrès de Bordeaux de 1886 que viendra s’évanouir la dernière de nos terreurs, et Dieu veuille que le mot de la fin soit celui d’une feuille italienne : Non più Peronospora ! ' l


LÖWENHJELM, DUCHESSE DE FITZ-JAMES.

  1. Dans la Dordogne, la Gironde et le Lot-et-Garonne.
  2. C’est dans ces domaines que M. Müntz a fait les expériences de sulfate de cuivre faisant l’objet de la note présentée le 2 novembre à l’Académie des sciences.
  3. Près d’Aix, en Provence (Bouches-du-Rhône).
  4. Gard.