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LA
VIGNE AMERICAINE
EN 1885

L’année viticole de 1885 a été des plus mouvementées. La gelée s’est manifestée sous une forme tellement insidieuse, que son intensité n’a pu être mesurée que dans ses conséquences finales. Un printemps humide a amené la chlorose dans certains terrains à sous-sol imperméable de l’Hérault, jetant des doutes exagérés, sinon immérités, sur la durée du riparia greffé ; doutes et chlorose se sont heureusement dissipés devant les chaleurs tardives de l’été. Défiant probabilités et remèdes, le mildew a capricieusement promené ses ravages par monts et par vaux, mettant à néant les théories dont vainement s’abritaient nos terreurs. Le phylloxéra, vaincu en Languedoc, semblait s’enfuir vers le nord, lorsque, brusquement, il a surgi sous le soleil africain. Officiellement découvert à Tlemcen, où il était officieusement soupçonné depuis des mois, il a été cerné par la troupe et reçu par les autorités savantes, civiles et militaires. Dieu sait si sa petitesse s’est arrêtée devant des moyens trop grands pour lui !

Enfin, pendant les misérables vendanges que gelée, chlorose et mildew nous avaient laissées, la consolation et l’espérance nous sont arrivées de trois côtés à la fois. La chaux avait triomphé du mildew en Italie, l’efficacité du sulfate de cuivre s’était affirmée en Bourgogne, tandis que, près de Bordeaux, un mélange de sulfate de cuivre et de chaux avait donné des résultats concluans à Dauzac et à Beaucaillou, chez M. Johnston.