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du Rhin se rapprochent singulièrement, pour la tenure foncière, de la Belgique et de la France de l’est ; les provinces de la Baltique, au contraire, ne connaissent guère la petite propriété. Le district d’Aix-la Chapelle et celui de Dantzig forment, à ce point de vue, un complet contraste. Dans le premier on rencontre 44,232 propriétés rurales qui se partagent 197,580 hectares de terres cultivables, soit une contenance moyenne de 4 hectares et demi pour chacune. Dans le second il ne se trouve que 21,150 propriétés rurales pour une étendue totale de 582,268 hectares de terre cultivable, soit une contenance moyenne de 27 hectares et demi par propriété. Tandis que autour d’Aix-la-Chapelle on recense plus de 22,000 propriétés inférieures à 2 hectares, il ne s’en rencontre pas 6,000 autour de Dantzig. Pour la totalité de l’empire d’Allemagne, les données statistiques récentes, datant de 1882 et 1883, ne s’appliquent qu’aux quatre cinquièmes de la surface du pays. Elles témoignent que la petite propriété y est très répandue. Sur les 40,875,000 hectares pour lesquels on a des informations, en effet, on ne constate pas moins de 5,276,344 exploitations rurales, dont 2,300,000 environ occupent une étendue inférieure chacune à 1 hectare et 2,300,000 également de 1 à 10 hectares. Le mot d’exploitation n’est, sans doute, pas un synonyme absolu du mot propriété. Mais l’enquête a constaté que sur ces 5,276,344 exploitations, il y en avait 2,953,445 où l’exploitant est propriétaire de toute la surface, 946,805 autres où moins de la moitié de la surface exploitée est louée, 546,957 où plus de la moitié est louée, et 829,137 où tout est affermé. On peut en conclure, avec peu de chances d’erreur, que sur ces 40 millions d’hectares il se trouve 4 millions 2 ou 300,000 propriétaires ; et comme il ne s’agit ici que des quatre cinquièmes environ de l’empire, on est amené à penser que l’Allemagne renferme près de 5 millions de propriétaires ruraux.

La petite propriété, on le voit, est beaucoup plus répandue dans le monde entier qu’on n’est porté d’ordinaire à le croire. Ce n’est pas l’apanage d’un seul pays. En mettant de côté l’Angleterre, on la retrouve dans tous, à des degrés un peu inégaux de développement. A mesure que l’on approche de l’occident du continent européen, elle devient cependant plus fréquente. L’ancienne terre des latifundia, qui fut, dit-on, ruinée par eux, l’Italie, se signale par le nombre de ses petits propriétaires, et il semble que l’exiguïté d’une partie de ses domaines lui soit aujourd’hui aussi à charge et à détriment qu’autrefois leur immensité. Une enquête récente fixait à 4,133,432, dont 2,733,467 hommes et 1,399,865 femmes, le nombre des propriétaires italiens, sur une population qui n’atteint pas 30 millions d’âmes. La contenance moyenne se réduirait ainsi