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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La seconde quinzaine de janvier a été féconde en incidens politiques, intérieurs et extérieurs. Bien qu’ils ne fussent pas tous d’un caractère également satisfaisant, ils ont, en quelque sorte, favorables ou fâcheux, marqué les étapes régulières d’un mouvement lent de hausse sur tous les fonds d’état, français ou étrangers, et sur un certain nombre de valeurs entraînées dans l’orbite de la spéculation. Le 16 janvier, le cabinet nouvellement formé se présentait devant les chambres avec une déclaration chaleureusement applaudie sur tous les bancs de la majorité républicaine. On ne parlait plus que de concorde, de concentration, de concessions réciproques ; on se bornerait aux réformes nécessaires, etc. Le 3 pour 100 était coté 81.27, le 4 1/2 110.40.

Le 18, la Grèce et la Serbie répondaient par un refus plus ou moins catégorique à la demande de désarmement présentée simultanément par les représentans des puissances à Belgrade, à Sofia et à Athènes. Le 21, le cabinet Freycinet était mis en minorité de trois voix à la chambre sur une question de procédure se rapportant à l’amnistie. Ainsi, à peine constituée, la nouvelle administration était mise en échec par l’alliance de l’extrême gauche avec les droites. On pouvait craindre qu’un événement de ce genre, plus grave encore comme symptôme que comme fait positif, ne jetât quelque désarroi parmi les acheteurs de rentes. Il n’en a rien été, et les valeurs ottomanes seules ont continué à subir l’influence des dispositions turbulentes de quelques-uns des petits états des Balkans.

Au point de vue purement financier, l’attention s’est concentrée, pendant toute cette quinzaine, sur les projets budgétaires du gouvernement. La déclaration ministérielle du 16 courant a confirmé ce que l’on avait déjà pressenti de ces projets ; suppression du budget extraordinaire, réductions de dépenses dans les ministères, combinaisons non encore arrêtées dans leur forme définitive pour la consolidation d’engagemens du Trésor à court terme, remaniement de la taxe sur les alcools (peut-être organisation du monopole, mais probablement pour une époque plus éloignée que l’établissement du prochain budget) ; enfin, pas d’emprunt direct, pas d’impôts nouveaux.

Très bien accueilli d’abord, ce programme a prêté ensuite matière à de longues discussions. Le Trésor étant manifestement obligé de