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des ministères, par une surélévation des droits sur l’alcool, et par une opération de conversion portant sur les obligations sexennaires que le trésor doit rembourser à bref délai.

Les acheteurs de rentes françaises en spéculation ont supposé, non sans raison, que le concours des capitaux de placement leur ferait moins que jamais défaut en janvier, et que la mise en circulation de capitaux considérables par le paiement des coupons semestriels pourrait être, au début de 1886, le facteur principal d’un retour d’activité, non plus seulement sur les rentes, mais sur d’autres valeurs, restées immobiles ou dépréciées avec exagération en 1885. On sait que le détachement des coupons a lieu le 2 janvier pour les valeurs donnant lieu à des opérations au comptant, et le 7 pour celles qui se cotent à terme. Les dispositions du marché ont été si favorables que, pour la plupart de celles-ci, le coupon détaché, il y a moins de huit jours, est déjà presque entièrement regagné. Telles, par exemple, les actions du Crédit foncier, du Midi et du Nord, du Suez, de la Banque de Paris, du Nord de l’Espagne, etc., et, parmi les fonds d’état, l’Extérieure et l’Italien. La masse des capitaux continue toutefois à se porter sur les valeurs à revenu fixe : obligations municipales et obligations du Crédit foncier ou des Chemins de fer. Sur ce marché, où ne s’exerce aucune autre influence que celle de l’accumulation constante de l’épargne, la progression des cours depuis les derniers jours de décembre est vraiment remarquable.

Bien que les titres de la Ville de Paris soient au-dessus du pair et, par conséquent, au-dessus du niveau de remboursement, la hausse a été encore de 9 francs sur la série 1855-60 à 529 francs, de 6 francs sur la série 1865 à 529 francs, de k francs sur les séries 1875 et 1876 à 517 et 519, de 2 francs sur les séries 1869 et 1871 à 612 et 398, de 5 francs sur les séries 1856 à 285. Les Villes de Lille, Bordeaux, Amiens, Lyon, Marseille ont monté de 2 à 3 francs, les dernières de 7 francs. Parmi les obligations foncières et les obligations de chemins de fer, le mouvement est général.

La hausse des rentes et des obligations entraîne cette fois celle des actions de chemins de fer. Ici la poussée a été d’autant plus brusque que les hauts cours de ces titres avaient provoqué certaines ventes à découvert et que les vendeurs, n’ayant pas vu se produire la baisse avant la fin de décembre, se sont hâtés de se dégager de leurs positions aussitôt que celles-ci ont paru menacées. Le Nord a regagné tout le montant de son coupon de janvier et 13 francs en plus, restant à 1,568 après avoir été compensé à 1,555. L’Orléans à 1,370 est en hausse de 30 francs, le Lyon à 1,265 en hausse de 15 francs. Le Midi à 1,172 a déjà regagné la moitié de son coupon. Les bas prix des actions des Chemins espagnols et la tranquillité générale qui règne dans la péninsule