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LES RELATIONS
DE
LA FRANCE ET DE LA PRUSSE
DE 1867 A 1870

I.
LES POURPARLERS DIPLOMATIQUES A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867.

Les fêtes se succédèrent à Paris sans relâche, du printemps à l'automne, pendant l’exposition universelle de 1867. Paris était alors en réalité le centre du monde, la cité rayonnante et glorieuse du poète. Les empereurs et les rois accouraient de toutes parts ; ils arrivaient même du fond de l'Orient, attirés moins par le désir d'étudier nos mœurs et d'implanter notre civilisation dans leurs états, que par le démon de la curiosité. C'était la contre-partie du souper de Candide, ce n'étaient pas les princes dépossédés par la guerre de 1866 et par la révolution italienne qui se réunissaient aux banquets des Tuileries et de l'Hôtel de Ville, c'étaient des potentats florissans, triomphans, ravis de se distraire de l'étiquette monotone et formaliste de leurs cours dans des plaisirs faciles et dans le fourmillement des multitudes empressées. L’empereur et l'impératrice, à peine remis des anxiétés que leur avait values l'affaire du Luxembourg, si imprévue et si menaçante, semblaient présider à une apothéose. Ils s'appliquaient à séduire leurs hôtes par la bonne grâce de leur accueil, par le charme de leurs personnes. Ils les comblaient de prévenances, ils se donnaient pour tâche de leur faire aimer la France, de vaincre leurs préventions et de les associer aux intérêts