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LES RELATIONS
DE
LA FRANCE ET DE LA PRUSSE
DE 1867 A 1870

II.[1]
L'ALLEMAGNE, AU LENDEMAIN DE L’AFFAIRE DU LUXEMBOURG. — l’ARTICLE 5 DU TRAITÉ DE PRAGUE.


I.

Tandis qu'à Paris on célébrait la concorde et l’indépendance des peuples, à Berlin on ne s’inspirait que de l’esprit de conquête et d'asservissement. Le contraste était frappant, on ne manquait pas de le faire ressortir avec amertume en Allemagne. Les passions s'agitaient plus véhémentes que jamais au nord et au midi. Les opprimés et les violentés relevaient la tête; depuis que l’évacuation du Luxembourg avait tourné à la confusion du parti militaire en Prusse, elle servait de thème à leurs attaques et de prétexte à leurs ressentimens. Ils disaient qu'on avait livré une place allemande depuis cinquante ans, que l’Autriche avec son armée de 700,000 hommes n’était plus là pour défendre le territoire d’une confédération qui n’existait plus. Ils ajoutaient que Rastadt, Ulm n'étaient plus protégés et que l’occupation de Mayence par des régimens prussiens, sujette à contestation, pouvait fournir des prétextes à une guerre qui trouverait les frontières de l’Ouest les plus menacées entièrement à découvert.

Il était temps que le comte de Bismarck revînt pour tenir tête aux mécontens et rendre au gouvernement son autorité et son prestige.

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.