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leur qualité d’actions, ont un caractère plus ou moins aléatoire, ne donnant que des revenus variables, ont eu par cela même des fortunes très diverses. Ici la stagnation dans des cours très bas, l’abandon complet, l’indifférence du public ; là des chutes profondes, comme pour le Panama et les Chemins espagnols. Exceptionnellement un retour aux grands cours perdus de vue depuis longtemps. Sur les Chemins français, le Crédit foncier, le Comptoir d’escompte, fermeté remarquable, ces valeurs ayant réussi à conserver la faveur de l’épargne, alors même que celle-ci s’adonnait de plus en plus exclusivement au placement en valeurs à revenu fixe, c’est-à-dire en rentes et surtout en obligations.

De ce côté, en effet, point d’hésitation, point de déception, du moins en ce qui concerne les obligations de nos grandes compagnies de chemins de fer, car les titres similaires des compagnies espagnoles ont pâti de la défaveur qui frappait les actions. L’amélioration s’est produite lentement, sans interruption pendant toute l’année. L’Obligation Bône-Guelraa a monté de 10 francs ; celle de l’Est algérien de 27 francs ; celle de l’Ouest algérien de 16 francs. Ces trois titres, jouissant de la garantie de l’état, valent maintenant de 350 à 357. Les titres des Anciennes Compagnies ont passé uniformément de 375 ou de 380 à 385 ou 387 ; l’Obligation du Nord n’a pu encore atteindre 400 francs, mais elle en est bien près. Même progression sur toutes les catégories d’obligations du Crédit foncier.

De toutes les obligations de chemins de fer du Portugal et de l’Espagne, deux seulement ont échappé à la baisse, la Beira-Alta, en hausse de 15 francs, et la Caceres, qui a gagné 12 francs. Les plus atteintes sont les diverses catégories des titres du Nord de l’Espagne.

Comme l’Action du Panama, les Obligations sont tombées à des cours bien bas ; les 5 pour 100 ont perdu 50 francs, les 4 pour 100 et les 3 pour 100, 30. Les Obligations Autrichiennes et Lombardes ont toujours été très recherchées, les premières au-dessus de 390, les autres entre 309 et 318.

Les rentes françaises ont subi d’assez violentes fluctuations. Le 3 pour 100, que la spéculation a fini par adopter presque à l’exclusion des deux autres types, était à 79.12 fin 1884. Un mouvement continu de hausse l’a porté au-dessus de 82 francs jusqu’au jour où la fameuse dépêche du général Brière de l’Isle, annonçant l’évacuation de Lang-Son, est venue défaire brutalement cette œuvre de longue patience en précipitant d’un seul coup la rente au-dessous de 78 francs. Après la constitution du ministère Brisson et la signature de la paix avec la Chine, la spéculation à la hausse est revenue à la charge, luttant vaillamment, avec le concours de capitaux défians, mais abondans, et avec l’arme du déport et de la raréfaction des titres, contre