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REVUE LITTÉRAIRE

HENRI-FREDERIC AMIEL.

Henri-Frédéric Amiel. — Étude biographique, par Mlle Berthe. Vadier. Paris, 1886; Fischbacher.

On a tant et si éloquemment parlé, depuis deux ou trois ans, d’Henri-Frédéric Amiel et de son Journal intime, qu'ayant aussi, nous, quelque chose à en dire, et d’assez différent de ce que l’on en a dit, nous ne l'eussions pourtant jamais osé si l’occasion ne s’en représentait aujourd'hui d’elle-même. « Pour obéir à un vœu de celui qui n’est plus, » c’est-à-dire, si j’entends bien, pour nous le montrer sous le jour, dans l’attitude ou dans la pose qu'il avait lui-même indiquée, Mlle Berthe Vadier, avec ses souvenirs personnels, et « de nombreux renseignemens recueillis auprès des amis d’enfance et de jeunesse du poète penseur, » vient d’écrire une très amusante biographie d’Amiel. Un peu fâchée, cela se sent, de n’avoir pas été chargée de publier le Journal du grand homme, il a paru à Mlle Vadier que les éditeurs, et, après eux, la plupart des critiques, avaient laissé dans l’ombre bien des traits de leur commun modèle. Celui-ci n’avait point assez, parlé de la beauté d’Amiel, « de ses grands yeux bruns, » de ses « mains fines, » de ses « petits pieds; » celui-là n’avait presque rien dit de la santé du professeur, de ses rhumes, de sa toux, de son « eau de goudron, » de son a sirop de bourgeons de sapin ; » mais un troisième n’avait-il pas omis de nous apprendre qu'ayant hérité des siens une soixantaine de mille francs, ce « rêveur » économe et serré en avait laissé deux