conviendra avec M. Wychgram que notre enseignement primaire a été fort amélioré d’ans ces dernières années et que plusieurs de nos lycées féminins sont des établissemens aussi utiles que bien gouvernés, vraiment dignes d’être proposés pour modèles, et qui n’ont rien à envier à ce qui s’est fait de mieux hors de chez nous ;
M. Wychgram loue nos méthodes, la direction que nous donnons aux études et les efforts résolus que nous avons faits pour nous dégager de certaines routines qu’on nous a longtemps reprochées. N’insistons pas sur les bons témoignages qu’il nous rend et auxquels il mêle de bienveillantes critiques, dont plusieurs nous semblent fondées. Il trouve en général nos programmes trop chargés, et il faut qu’il ait raison puisqu’on s’occupe de les simplifier. On ne saurait trop se convaincre qu’en matière d’enseignement la qualité est tout, que la quantité n’est rien, que celui qui sait bien quelque chose est mieux armé pour le combat de la vie que celui qui sait l’alpha et l’oméga, mais qui les sait mal, que la tête de l’enfant n’est pas une boîte qu’il faut remplir en y entassant pêle-mêle tout ce qu’on peut, dût-on forcer le couvercle, que les connaissances ou superficielles ou indigestes n’ont jamais profité à qui que ce fût, et que la pire des sottises est de s’imaginer qu’on sait ce qu’on ne sait pas. M. Wychgram se plaint aussi que nous enseignons à nos jeunes filles trop de physique et de chimie, qu’elles en prennent à trop haute dose. Il est permis de croire comme lui que ces sciences devraient surtout servir à développer chez elles le goût et Tari d’observer. Rousseau l’a dit, la vue est de tous les sens celui dont on peut le moins séparer les jugemens de l’esprit ; apprendre à bien voir, c’est apprendre à bien raisonner, et n’est-ce pas de cela qu’il s’agit ?
La loi du 21 décembre 1880 porte que les établissemens destinés à l’enseignement secondaire des jeunes filles sont placés sous l’autorité d’une directrice, et que l’enseignement y est donné par des professeurs hommes ou femmes munis de diplômes réguliers ; mais on se propose, paraît-il, de recruter au fur et à mesure tout le personnel enseignant parmi les femmes, et de congédier les hommes, et M. Wychgram proteste. Il affirme, il soutient avec chaleur qu’à égalité de mérite ou de savoir, un homme administre et enseigne mieux qu’une femme, à quoi ces dames répondront peut-être qu’il est juge et partie dans la question. Ha visité tour à tour le collège Sévigné, fondation privée, et le lycée Fénelon, création de l’état ; il a comparé les résultats obtenus, et il décerne le prix d’excellence au collège Sévigné, où tous les cours sont faits par des hommes. Il a assisté à des leçons de grammaire historique, à des lectures tirées des plus beaux dialogues-de Platon et du Discours sur la méthode de Descartes. Ces demoiselles de la classe supérieure étaient tout oreilles, et non-seulement