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et d’association. Il en fera son chef de chantier, quitte à lui faire partager son toit et sa table. n’oublions pas que la main-d’œuvre grossière se trouve sur place.

Mais l’Algérie ne convient pas aux vignerons seuls. Ses plaines et ses montagnes se prêtent à bien des modes d’exploitation. En face des vides, des besoins, des richesses latentes, et en vue de la sécurité future de notre belle colonie, il est impossible de ne pas se demander d’une façon générale : « Que faire pour y attirer un plus grand nombre d’habitans et surtout pour les y retenir ? » l’expérience prouve que ni l’initiative privée ni celle des associations, ne suffisent à cette tâche. La colonisation administrative n’a pas échoué, comme le prétendent des gens qui ne savent comparer le présent au passé, mais elle a imposé à la mère patrie des sacrifices dont l’importance dépasse peut-être encore la grandeur des résultats obtenus. À tort ou à raison, on s’est lassé de renouveler ces largesses en faveur de quémandeurs qui n’en profitent pas tous bien régulièrement pour eux-mêmes, qui à plus forte raison ne secondent pas l’intérêt public.

Il est notoire pourtant que, parmi les gens décidés à émigrer, fort peu disposent des 15,000 francs presque indispensables pour devenir, sans trop de risques et de souffrances, propriétaires-laboureurs en Algérie ; encore moins possèdent les 20 ou 25,000 nécessaires pour y planter un vignoble qui puisse les faire vivre. Il est donc désirable de venir en aide aux émigrans qui ont des avances, mais en quantité insuffisante. Il est trop certain aussi que nos Français, habitués à être comme portés sur les avantages multiples d’une civilisation perfectionnée, ne savent guère se défendre du découragement, quand ils sont jetés brusquement en face des nudités de la vie primitive. Ils ont besoin de trouver tout au moins un toit pour s’abriter à leur arrivée dans la colonie.

Sans prétendre donner des conseils aux hommes spéciaux et compétens, nous osons dire que tout système par lequel on voudra éviter les écueils du passé et pourtant pousser au développement de la colonisation, devra être conçu à peu près dans les données suivantes dont une partie seulement a été essayée, et qui n’ont jamais été appliquées dans leur ensemble :

Choix déterres domaniales vraiment propres à la colonisation ; leur partage on lots de 20 à 100 hectares, suivant la valeur du sol et sa situation ; construction au préalable de maisonnettes avec étables contiguës, par l’administration ; aux emplacemens faits pour des villages, tracé de routes, installations de fontaines et de services publics correspondant à l’importance du lieu.

Plus de concessions gratuites, puisque, faites aux gens trop pauvres,