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MELCHIOR GRIMM

IV.[1]
GRIMM ET CATHERINE. — LA RÉVOLUTION ET L’ÉMIGRATION. — LA FIN.


I.

Grimm fit deux séjours à Pétersbourg. Le premier, en 1773, lorsqu'il y conduisit le jeune prince héréditaire de Hesse et assista au mariage de la princesse Wilhelmine avec le tsarowitz Paul. Il y retrouva Diderot, avec lequel il avait quitté Paris, mais qui avait pris par la Hollande et y avait passé plusieurs mois. l’impératrice les accueillit l’un et l’autre de la manière la plus flatteuse, mais non pas tout à fait de la même manière. Diderot l’étonnait par son éloquence et l’amusait par sa familiarité et ses distractions ; Grimm l'intéressait, la charmait[2]. « Sa conversation est un délice pour moi, écrivait-elle à Voltaire, mais nous avons encore tant de choses à nous dire que jusqu'ici nos entretiens ont eu plus de chaleur que d’ordre et de suite. » Grimm, dans une lettre adressée à Mme Geoffrin, rend également compte de ses premières impressions à la cour de Russie. « Le lendemain de mon arrivée, à midi, j’ai

  1. Voyez la Revue du 15 octobre, du 15 novembre et du 1er décembre 1885.
  2. Grimm, écrivant au comte de Nesselrode, dit et répète que l’impératrice a été enchantée de Diderot, mais que celui-ci n’a pas fait à Pétersbourg d’autres conquêtes ; loin de là, il a été en butte à de sourdes persécutions.