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où on leur donne une excellente éducation, revenus dans leurs îles, ont commis des actes d’une affreuse atrocité. Par exemple, le fils du chef qui vit sur la côte orientale de San-Cristoval, pendant dix ans élève à l’île de Norfolk, où il avait appris à lire et écrire, à faire de l’aquarelle et à toucher un peu du piano, commença par quitter ses vêtemens. Considéré dans le pays comme une a vieille femme, » parce qu'il n’avait encore tué personne, il chercha une occasion de faire preuve de courage. Voici comment elle se présenta. La mère ou grand'mère d’un ami, Bo, le chef de Hiara, venait de mourir. Il fallait une compensation. Par conséquent, le village de Kahua fut attaqué et beaucoup de ses habitans furent tués. Une femme chercha à se sauver avec son enfant. Cela faisait l’affaire du jeune Rahanomai : « Ne la tue pas ! lui cria son père, elle travaillera dans nos champs de yam. » Mais le jeune homme l’abattit et lui brisa le crâne avec une pierre. Il tua l’enfant de la même manière. l’année suivante, heureusement, il fut dévoré par un requin et son père est maintenant à la recherche d’une compensation. »

Les missionnaires catholiques sont exposés aux mêmes mécomptes, quand il leur est impossible de former des communautés composées exclusivement de familles de leur confession. Un prêtre mariste m’a dit : « Je ne puis isoler mes indigènes, je n’arrive qu'à des résultats imparfaits. » l’exemple le plus frappant des avantages du système des chrétientés est offert par l’état, à tout point florissant, de l’île de Wallis, perdue au milieu de l’océan, à quelques centaines de milles de Fiji et de Samoa, et de la petite île de Futuma, dont les habitans sont tous catholiques. Ici, c'est la nature qui a créé l’isolement. Ce sont aussi les deux seuls points de l’Océanie où la population augmente. La communauté de Mgr Lamaze, près d’Apia, quoique moins complètement fermée aux influences du dehors, donne, parce qu'elle se trouve sous la surveillance directe et constante de l’évêque et des pères, les résultats les plus satisfaisans.

L'apostolat catholique embrasse les Fiji, l’Océanie centrale (les îles de Tonga, Wallis et Rotuma), et le Vicariat apostolique de Samoa[1].

Les missions catholiques datent de 1837. Elles sont très pauvres

  1. A Fiji, il y a 11 prêtres maristes et 5 sœurs du tiers-ordre, les uns et les autres Français. Le nombre des catholiques indigènes, baptisés et catéchumènes, est de 9,000.
    Les deux vicariats de l’Océanie centrale (Tonga) et de Samoa se trouvent sous la direction de l’évêque d’Olympe, Mgr Lamaze, qui est assisté de 32 prêtres et de 6 sœurs dites de l’Océanie du tiers ordre, tous Français. Le nombre des catholiques et catéchumènes serait, dans les îles de Tonga, de 2,000 ; à Wallis, de 4,000 ; à Futuma, de 1,600; à Samoa, de 5,000.
    La population de l’île de Rotuma se compose de catholiques et de protestans. Des hostilités entre eux, pour des causes qui ne touchaient pas à la religion, ont déterminé le gouvernement anglais à annexer cette île à la couronne d’Angleterre.