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l’égard d’autres nationaux, et, en ce qui concerne les indigènes non sujets anglais, seulement dans des cas qualifiables d’actes de guerre. C’est contre cette restriction qu’échouent les efforts tentés par le gouvernement anglais. Je doute fort que les amendemens qu’on propose d’apporter à l’order in council suffisent pour améliorer l’état de choses actuel. Le seul remède, je le vois dans un arrangement international, dont les dispositions seraient applicables à tous les êtres humains, vivant ou voyageant dans les archipels ou parages du Pacifique occidental. Cette convention, reconnue par l’Europe et les états du continent américain, devrait être conclue entre les puissances les plus intéressées au maintien de la tranquillité publique et à la protection des indigènes. Ce serait à elles d’en surveiller la stricte observation. Ces puissances me semblent être, dans l’ordre des intérêts engagés, l’empire britannique, l’Allemagne, les États-Unis et la France[1].

Le Pacifique a cessé d’être une mer fabuleuse, visitée, à de longs intervalles, par de hardis navigateurs. l’âge des découvertes est près de se fermer à jamais. Aujourd’hui, cet océan est devenu un champ d’activité ouvert à l’esprit d’entreprise de toutes les nations. Le temps est venu de le faire participer aux bienfaits et aux restrictions des lois qui régissent le monde civilisé.


Dans l’histoire des îles de l’Océanie, qui est encore à écrire, les missionnaires remplissent une page importante.

C’est aux wesleyens ou méthodistes qu’appartient l’honneur d’être arrivés les premiers sur le terrain. Tenus aux constitutions de leur église, qui n’admet ni centre, ni chef, ni hiérarchie, les missionnaires de la secte fondée par Wesley se trouvent placés, dans une certaine mesure, sous l’influence de la Société wesleyenne méthodiste d’Australie, à Sydney, dont l’œuvre embrasse la Nouvelle-Zélande, Fiji, Rotuma, les îles de Tonga, une partie de Samoa, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Irlande[2]. C’est elle qui fournit les fonds, exerce sur les missionnaires une sorte de contrôle, leur demande et reçoit d’eux des rapports réguliers qui, publiés par

  1. Je n’ai pas besoin de rappeler au lecteur que, lorsque j’écrivais ce journal, c’est-à-dire pendant mon voyage, l’Allemagne n’avait pas encore inauguré sa politique coloniale. Les négociations, entamées depuis entre les cabinets de Berlin et de Londres, tendent au but que j’indique.
  2. En dehors de l’Australian wesleyan (methodist) Society à Sydney, il y a la Wesleyan Mission Society à Londres pour le continent européen, l’Inde et la Chine, et la Methodist episcopal Missionaries Society aux États-Unis, où les wesleyens, au point de vue du nombre, occupent la première place parmi les différentes confessions chrétiennes.